dimanche 24 février 2008

"Opération « mains propres » dans les maisons de retraite "

Leparisien.com http://www.leparisien.fr/home/imprimer/article.htm?articleid=296083079
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ENQUETE.

TWENTY

appelons là ainsi.
J'ai en tête certains portraits de collégues de promo, des esquisses ou des pointillés qui me donnent des indices sur les personnalités côtoyées.
Mon regard de cyclope ne revendique ni précision ni grande lucidité mais la réduction de la focale me fait parfois zoomer sur des instants marquants. Où du moins qui me marquent.
J'ai eu la chance lors de mon premier stage d'être "drivé" par une aide-soignante qui reste ma référence. Plus que des gestes techniques, plus qu'une grande disponibilité : une aptitude et un souci constants à envisager chaque patient avec la singularité de son histoire et de sa souffrance.
Depuis je mesure chaque fois mon écart à ces dimensions.
Dernièrement une collégue a eu une note optimale lors d'un module d'hygiène. Elle fut la seule. Je ne vous parle pas de la mienne (shame on me)!
Avoir une telle note n'a rien en soi d'extraordinaire mais dénote pour moi une dimension qui me fait défaut : un travail constant, méthodique, une curiosité.
Cette jeune femme ne cherche pas à se singulariser. Elle est calme et posée. Les notes qu'elle prend, s'alignent avec clarté sur la page, ordonnées et lisibles. Pour avoir échangé quelques mots, je sais qu'elle a déjà une pratique significative dans le métier.
En refermant son classeur ce vendredi, elle a laissé échapper : "Comme j'aime ce que je fais, je le fais bien".
La phrase scintille dans mon esprit : depuis.

mardi 12 février 2008

PHOTOLANGAGE

J’avais à choisir deux photos pour illustrer ce que la vieillesse représentait pour moi. À la sortie de ce stage en gériatrie, mon esprit sevrait de visions et de sons s’est mis en tête de chercher ce qui faisait sens pour cet état de la vie qui collectionne comme tout autre d’ailleurs tant d’ images d’Epinal : sagesse, temps réapproprié et bien sur, tout ce que le consumérisme actuel fait miroiter.
J’ai jeté mon dévolu sur des mains d’une femme tricotant, aspiré par le souvenir si prégnant à ma peau du flot de paroles que déversait “la nonna”. Cette dimension paradoxale d’un toucher protecteur et d’un flot de mots incompréhensibles, comme peut l’être cette propension de certains adultes à prendre pour confident un enfant.
La deuxiéme photo présentait une eau calme sur laquelle glissait une barque avec deux personnes ramant. Le filtre orangé de la photo me suggérait l’aube d’un jour et l’idée de “l’Achéron”, ce fleuve de la mythologie grecque menant à la mort s’imposa d’évidence en miroir à l'invocation incessante qui s'échappait de sa bouche“voglio morire”.
Et nous glissions ensemble vers cet horizon!
“Vous êtes hors-sujet” me fit remarquer la formatrice, “vous vous cachez dans des mots”. À observer l’assentiment de mes collègues de promo, j’avais fait fausse route. Sans toussoter, je restais coî.
L’idée que la dame eut raison me percuta.
Craignais je cet état de la vie? Avais-je déjà la sensation d’arpenter cet espace de finitude?
Les questions sont souvent les réponses.
J’eusses aimé faire ressentir autre chose.
Une expérience singulière de cette transmission par capillarité de sagesse et de folie.
J’ai ce sentiment qu’enfant déjà j’étais très vieux, baigné par des angoisses de désespoir & de fin. Singulière entrée dans la vie par le prisme perceptif qui enserre ceux-celles qui atteignent cet âge de la vie où l'étau des questions primordiales semble un indépassable.
Je n'ai sur la vieillesse aucune idée préconçue : ni fascination ni rejet, cela me rend au moins attentif.