mercredi 23 juillet 2008

ET MAINTENANT AU BOULOT


Découvrez Paolo Conte!


LA FORMATION est terminée! 10 mois intenses intellectuellement, émotionnellement. De nouveaux amis et la mort de Jean Baptiste à 26 ans qui pointe et projette le fil ténu de nos existences.
Je ne suis plus le même que ce 3 septembre. Non ce n'est pas une question de métamorphose à 56 balais mais probablement quelque chose de non apparent, une histoire de souffle, d'assurance.
Je n'ai pas été aussi brillant que je le supposais, mon esprit rêveur a toujours préféré les chemins buissonniers au travail rigoureux. Il me faudra donc approfondir mais dans ce métier, avec la remise en cause de sa pratique, c'est la meilleure façon de marcher.
J'ai eu beaucoup de chance. D'abord cette perte d'un oeil qui m'a imposé une mise au point radicale des priorités de ma nouvelle existence. Puis ce stage à la FPA de découverte des métiers qui m'a permis de vérifier qu'aide-soignant était dans mes cordes. La préparation au concours, ensuite, à l'IFSI de la Croix Rouge de Nimes qui m'a donné suffisamment d'assurance pour me lancer. Les cadres infirmières de l'IFSI de Cannes perméables à mes arguments toujours un peu lyriques mais sincères.
Croyant la tâche aisée, j'ai snobé conseils et mises en garde gentiment prodigués. Résultat, j'ai couru derrière une formation par l'apprentissage qui requiert régularité et une réelle implication. Et mon naturel timide a cumulé quiproquos et paradoxes qui me font encore froids dans le dos.
De bonnes fées ont veillé sur moi, le secret professionnel m'empêche de les nommer mais mes pensées et mes remerciements vont vers elles (il y a aussi deux ou trois mecs parmi elles!).
Je ne saurai omettre ces êtres courageux (le féminin ici s'imposerait) et pleins d'énergie qui on fait de ce temps de formation, un intermède parfois étrange souvent cocasse; toujours généreux mais parfois glissant dans la "horde sauvage" au grand dam de nos aimables formatrices : par ordre d'apparition ; Solange, Bénédicte, Ingrid (pour son côté scandinave dans mon imaginaire), turf girl (enfin quelqu'un à qui parler), IPOD BOY, le baron rouge "conscience morale et humoristique" de ce groupe et les autres en pointillés dans mes petits carnets!
Ce blog tire à sa faim.
Il me faut trouver une autre cuisine. Il est à la mesure de mon parcours : projetant beaucoup d'espoir d'échanges pour une faible efficience. Comme le disait un cinéaste allemand des années 70 : "les nains aussi ont commencé petits"!
baci a tutti

lundi 7 juillet 2008

rubrique : systéme de santé

Le 24 juin, Brigitte est morte: "ce n’est pas mon problème"


Par Armelle Vincent | Journaliste | 07/07/2008 | 12H53 SITE WEB : RUE89


Aux Etats-Unis, mon amie, atteinte d'un cancer, était mourante. Son assurance, française, l’a laissée tomber.

A l'Hôtel Dieu, Paris, 1992 (Denis Bourges).

(De Los Angeles) Dans la nuit du 24 juin 2008, mon amie Brigitte est morte d’un cancer. Après une lutte de vingt mois, elle s’est finalement éteinte chez elle, entourée de quelques-uns de ses amis et de ses deux enfants de 14 et 16 ans. Brigitte était française. Elle était venue en Californie il y a dix ans, par amour. En France, elle avait été productrice d’une émission de M6. Elle aimait raconter qu’elle avait découvert Manu Chao lorsqu’il était encore presque inconnu. N’allez pas croire cependant qu’elle se prenait au sérieux. Elle était tout le contraire de ça.

Ce n’est pas son histoire cependant que je veux raconter ici mais son combat avec son assurance maladie alors qu’elle gisait mourante dans le petit appartement qu’elle partageait avec ses enfants. Si je vous disais que l’assurance médicale en question était américaine, vous seriez choqué, mais nullement étonné. Mais Brigitte avait choisi Mobility Benefits (une marque déposée de Mobility Saint-Honoré, une filiale d’Assurances et Conseils Saint-Honoré), persuadée qu’elle y serait mieux traitée que par une HMO (Health Maintenance Organization). A l’époque, elle ne savait même pas qu’elle était malade. Mais elle n’allait pas tarder à le découvrir.

En 2005, Brigitte était employée par une maison de production de Los Angeles spécialisée dans les jeux télévisés, et mariée à son directeur. Ils étaient tous deux assurés par leur employeur. Mais ils perdirent leur emploi et, avec lui, leur couverture maladie. Pensant qu’il obtiendrait une meilleure protection, et que la facture mensuelle (plus de 1 000 dollars environ) lui achèterait plus d’humanité -ceux qui ont vu l’excellent documentaire de Michael Moore, “Sicko” sur le système de santé américain comprendront de quoi je parle-, son mari choisit la française Mobility Benefits.

Divorce et chômage ne font pas bon ménage avec les assurances maladie

Quelques mois plus tard, le couple entamait une procédure de divorce. A peine séparée, Brigitte était transportée d’urgence à l’hôpital après avoir soudain perdu l’usage de la parole et des gestes les plus familiers. A un instant donné, elle m’achetait un cadeau d’anniversaire, l’autre, elle ne savait plus ni parler ni allumer son briquet. Les médecins allaient nous apprendre qu’elle avait un cancer du poumon et sept tumeurs au cerveau.

En cas de divorce ou de chômage, il est possible de perdre son assurance maladie. On est en droit cependant d’obtenir un répit de dix-huit mois, via un système appelé Cobra. Je ne sais pas à quelles lois obéit Mobility Benefits. Après le diagnostic, l’assurance accepta de garder Brigitte contre une facture mensuelle délirante d’environ 1 600 dollars mensuels pour elle et ses deux enfants. Une doctoresse, employée par l’assurance, assure aujourd’hui que Mobility aurait pu se débarrasser de Brigitte et qu’elle a agit par humanité. Franchement, j’ai du mal à la croire. Ce que je sais en revanche, c’est que cette femme a fait preuve d’un cynisme inouï lorsque la mort prochaine de Brigitte est devenue la seule issue possible.

Il y a deux mois, les oncologues qui la suivaient ont décidé d’arrêter la chimiothérapie. Le cancer s'était propagé partout ou presque. Brigitte n’avait plus que quelques semaines à vivre. Au fil des jours, elle est devenue de plus en plus faible. Au début, les amis se sont relayés à son chevet. Mais il est devenu très difficile de s’occuper d’elle. Il a été décidé de faire appel à un service d’aides soignantes, de professionnelles qui sauraient gérer une situation devenue trop grave pour des amateurs comme nous.

Quand les traitements sont inutiles, l’assurance ne paye plus

L’ex-mari de Brigitte a alors entamé un dialogue avec Mobility Benefits. Il voulait que l’assurance couvre ces frais, estimés à 10 000 dollars par mois. Réponse de la doctoresse:

“Il n’en est pas question. Ce n’est pas notre problème. D’ailleurs, ce n’est plus un problème médical puisqu’elle est en train de mourir et que les traitements sont devenus inutiles.”

A des milliers de kilomètres de là, ne connaissant rien de leur histoire, cette femme s’est lancée dans une diatribe contre le divorce, accusant l’ex-mari de ne pas avoir fait face à ses responsabilités (il était en fait plus présent que jamais). Terry a essayé de lui faire comprendre que Brigitte n’était plus en état de se nourrir parce que bien trop faible, que ses enfants avaient besoin d’aide, que les amis ne pouvaient plus assurer les soins d’une patiente rongée par un cancer généralisé, que c’était bien du ressort de la communauté médicale de la prendre en main et de couvrir les dernières semaines. La doctoresse n’a rien voulu savoir:

"Ce n’est pas mon problème. Estimez-vous heureux que nous n’ayons pas annulé son assurance après son diagnostic."

Si Brigitte n’avait pas eu les moyens de payer les aides-soignantes durant ses quatre dernières semaines de vie, elle aurait été seule, sans les soins si nécessaires pour mourir dignement. Et la doctoresse n’en aurait eu cure. Et nous qui pensions qu’en France, tout était différent…