mardi 11 novembre 2008

j'ai la rate qui se dit late

permettez moi cet aveu impudique ; depuis les début de ma formation à l'ifsi de cannes, je suis devenu totalement hypocondriaque et quelque peu superstitieux. Question est ce le propre des natifs du "cancer".
Là je viens de parcourir une info qui remet en question toutes mes habitudes alimentaires.
Vite aidez moi à remplacer cette indispensable boisson du matin : je veux parler du café, bien sûr!

la petite bête qui monte

travaillant dans un service orthopédique homologué pour les "urgences mains" : tel 0 825 OO 22 21 n° indigo qui vous orientera vers le centre le plus proche de votre résidence (vous n'imaginez pas le nombre de blessures à ces membres, de la morsure de chien aux maladresses des bricolos sans oublier l'univers de la cuisine, huître récalcitrantes, dénoyautage d'avocats (pas ceux avec la robe). Heureusement (statistiquement parlant) vous serez entre les mains de chirurgiens capables de réparer aussi bien les os que les tendons, les nerfs et les vaisseaux et c'est là qu'apparaissent ces petites bêtes appelées "sangsues" qui mettront toute leur avidité à stimuler la vascularisation de votre blessure et en plus les voilà lancées dans d'autres "aventures"

dimanche 28 septembre 2008

à toi qui vas travailler

ce matin ou ce soir : prends le temps d'écouter cette réflexion de la psychologue Marie Pezé
"Les réponses de la psychologue Marie Pezé à vos questions dressent un constat implacable de l’étendue des souffrances au travail."

vendredi 26 septembre 2008

le net me ressource

vendredi en repos après quatre jours de services et avant de reprendre ce week end, la loi du genre dans le milieu hospitalier. Petit plaisir d'accompagner jade à l'école et de déjeuner avec les enfants. Entre temps ,afin de ne pas me faire bouffer par les tâches ménagéres, je m'accorde un temps de lecture sur les pathologies de mon service, histoire de ne pas raconter n'importe quoi. Du coup je googlelise comme une abeille en quête de pollen et j'arrive par hasard sur un site que je n'avais plus suivi depuis une éternité : http://leucemiennemie.canalblog.com/
Rien à voir avec l'orthopédie me direz-vous? Oui mais d'une grande richesse sur ce qu'un être au combat entreprend et pense.
à suivre

lundi 25 août 2008

jm2261952 vous a envoyé un message du site Rue89

Rue89

jm2261952 vous recommande le site Rue89
Message :
Dans un prochain épisode nous aborderons "Méfaits et bienfaits de la simulation", du vécu avec un R et un L.
Ce blog promet d'être chaud!
Orgasme: comment savoir si elle simule
par Damien Jayat

Film X sur la télévision d'une chambre d'hôtel à Riga, en Lettonie (Olivier Culmann).
Après la nouvelle année, la rentrée scolaire est une période faste pour les grandes résolutions. A la rentrée, je fais un régime, je bêche le jardin, je fais opérer le chat, je vidange la voiture, etc. Pour ceux qui s'attelleraient à la lourde tâche de comprendre et d'améliorer leur comportement sexuel, je recommande la lecture d'un journal scientifique très sérieux, intitulé Archives of Sexual Behaviour.

Cliquez ici pour en savoir plus

mardi 19 août 2008

22 aout 7 h

vendredi c'est jour j comme "jm en gériatrie" et plus précisément dans l'univers de la maladie d'alzheimer, histoire d'apprendre quelque chose et d'être attentif à la complexité de ces vies livrées à cette forme d'oubli, d'effacement
a ciao

because baby sitting

mercredi 23 juillet 2008

ET MAINTENANT AU BOULOT


Découvrez Paolo Conte!


LA FORMATION est terminée! 10 mois intenses intellectuellement, émotionnellement. De nouveaux amis et la mort de Jean Baptiste à 26 ans qui pointe et projette le fil ténu de nos existences.
Je ne suis plus le même que ce 3 septembre. Non ce n'est pas une question de métamorphose à 56 balais mais probablement quelque chose de non apparent, une histoire de souffle, d'assurance.
Je n'ai pas été aussi brillant que je le supposais, mon esprit rêveur a toujours préféré les chemins buissonniers au travail rigoureux. Il me faudra donc approfondir mais dans ce métier, avec la remise en cause de sa pratique, c'est la meilleure façon de marcher.
J'ai eu beaucoup de chance. D'abord cette perte d'un oeil qui m'a imposé une mise au point radicale des priorités de ma nouvelle existence. Puis ce stage à la FPA de découverte des métiers qui m'a permis de vérifier qu'aide-soignant était dans mes cordes. La préparation au concours, ensuite, à l'IFSI de la Croix Rouge de Nimes qui m'a donné suffisamment d'assurance pour me lancer. Les cadres infirmières de l'IFSI de Cannes perméables à mes arguments toujours un peu lyriques mais sincères.
Croyant la tâche aisée, j'ai snobé conseils et mises en garde gentiment prodigués. Résultat, j'ai couru derrière une formation par l'apprentissage qui requiert régularité et une réelle implication. Et mon naturel timide a cumulé quiproquos et paradoxes qui me font encore froids dans le dos.
De bonnes fées ont veillé sur moi, le secret professionnel m'empêche de les nommer mais mes pensées et mes remerciements vont vers elles (il y a aussi deux ou trois mecs parmi elles!).
Je ne saurai omettre ces êtres courageux (le féminin ici s'imposerait) et pleins d'énergie qui on fait de ce temps de formation, un intermède parfois étrange souvent cocasse; toujours généreux mais parfois glissant dans la "horde sauvage" au grand dam de nos aimables formatrices : par ordre d'apparition ; Solange, Bénédicte, Ingrid (pour son côté scandinave dans mon imaginaire), turf girl (enfin quelqu'un à qui parler), IPOD BOY, le baron rouge "conscience morale et humoristique" de ce groupe et les autres en pointillés dans mes petits carnets!
Ce blog tire à sa faim.
Il me faut trouver une autre cuisine. Il est à la mesure de mon parcours : projetant beaucoup d'espoir d'échanges pour une faible efficience. Comme le disait un cinéaste allemand des années 70 : "les nains aussi ont commencé petits"!
baci a tutti

lundi 7 juillet 2008

rubrique : systéme de santé

Le 24 juin, Brigitte est morte: "ce n’est pas mon problème"


Par Armelle Vincent | Journaliste | 07/07/2008 | 12H53 SITE WEB : RUE89


Aux Etats-Unis, mon amie, atteinte d'un cancer, était mourante. Son assurance, française, l’a laissée tomber.

A l'Hôtel Dieu, Paris, 1992 (Denis Bourges).

(De Los Angeles) Dans la nuit du 24 juin 2008, mon amie Brigitte est morte d’un cancer. Après une lutte de vingt mois, elle s’est finalement éteinte chez elle, entourée de quelques-uns de ses amis et de ses deux enfants de 14 et 16 ans. Brigitte était française. Elle était venue en Californie il y a dix ans, par amour. En France, elle avait été productrice d’une émission de M6. Elle aimait raconter qu’elle avait découvert Manu Chao lorsqu’il était encore presque inconnu. N’allez pas croire cependant qu’elle se prenait au sérieux. Elle était tout le contraire de ça.

Ce n’est pas son histoire cependant que je veux raconter ici mais son combat avec son assurance maladie alors qu’elle gisait mourante dans le petit appartement qu’elle partageait avec ses enfants. Si je vous disais que l’assurance médicale en question était américaine, vous seriez choqué, mais nullement étonné. Mais Brigitte avait choisi Mobility Benefits (une marque déposée de Mobility Saint-Honoré, une filiale d’Assurances et Conseils Saint-Honoré), persuadée qu’elle y serait mieux traitée que par une HMO (Health Maintenance Organization). A l’époque, elle ne savait même pas qu’elle était malade. Mais elle n’allait pas tarder à le découvrir.

En 2005, Brigitte était employée par une maison de production de Los Angeles spécialisée dans les jeux télévisés, et mariée à son directeur. Ils étaient tous deux assurés par leur employeur. Mais ils perdirent leur emploi et, avec lui, leur couverture maladie. Pensant qu’il obtiendrait une meilleure protection, et que la facture mensuelle (plus de 1 000 dollars environ) lui achèterait plus d’humanité -ceux qui ont vu l’excellent documentaire de Michael Moore, “Sicko” sur le système de santé américain comprendront de quoi je parle-, son mari choisit la française Mobility Benefits.

Divorce et chômage ne font pas bon ménage avec les assurances maladie

Quelques mois plus tard, le couple entamait une procédure de divorce. A peine séparée, Brigitte était transportée d’urgence à l’hôpital après avoir soudain perdu l’usage de la parole et des gestes les plus familiers. A un instant donné, elle m’achetait un cadeau d’anniversaire, l’autre, elle ne savait plus ni parler ni allumer son briquet. Les médecins allaient nous apprendre qu’elle avait un cancer du poumon et sept tumeurs au cerveau.

En cas de divorce ou de chômage, il est possible de perdre son assurance maladie. On est en droit cependant d’obtenir un répit de dix-huit mois, via un système appelé Cobra. Je ne sais pas à quelles lois obéit Mobility Benefits. Après le diagnostic, l’assurance accepta de garder Brigitte contre une facture mensuelle délirante d’environ 1 600 dollars mensuels pour elle et ses deux enfants. Une doctoresse, employée par l’assurance, assure aujourd’hui que Mobility aurait pu se débarrasser de Brigitte et qu’elle a agit par humanité. Franchement, j’ai du mal à la croire. Ce que je sais en revanche, c’est que cette femme a fait preuve d’un cynisme inouï lorsque la mort prochaine de Brigitte est devenue la seule issue possible.

Il y a deux mois, les oncologues qui la suivaient ont décidé d’arrêter la chimiothérapie. Le cancer s'était propagé partout ou presque. Brigitte n’avait plus que quelques semaines à vivre. Au fil des jours, elle est devenue de plus en plus faible. Au début, les amis se sont relayés à son chevet. Mais il est devenu très difficile de s’occuper d’elle. Il a été décidé de faire appel à un service d’aides soignantes, de professionnelles qui sauraient gérer une situation devenue trop grave pour des amateurs comme nous.

Quand les traitements sont inutiles, l’assurance ne paye plus

L’ex-mari de Brigitte a alors entamé un dialogue avec Mobility Benefits. Il voulait que l’assurance couvre ces frais, estimés à 10 000 dollars par mois. Réponse de la doctoresse:

“Il n’en est pas question. Ce n’est pas notre problème. D’ailleurs, ce n’est plus un problème médical puisqu’elle est en train de mourir et que les traitements sont devenus inutiles.”

A des milliers de kilomètres de là, ne connaissant rien de leur histoire, cette femme s’est lancée dans une diatribe contre le divorce, accusant l’ex-mari de ne pas avoir fait face à ses responsabilités (il était en fait plus présent que jamais). Terry a essayé de lui faire comprendre que Brigitte n’était plus en état de se nourrir parce que bien trop faible, que ses enfants avaient besoin d’aide, que les amis ne pouvaient plus assurer les soins d’une patiente rongée par un cancer généralisé, que c’était bien du ressort de la communauté médicale de la prendre en main et de couvrir les dernières semaines. La doctoresse n’a rien voulu savoir:

"Ce n’est pas mon problème. Estimez-vous heureux que nous n’ayons pas annulé son assurance après son diagnostic."

Si Brigitte n’avait pas eu les moyens de payer les aides-soignantes durant ses quatre dernières semaines de vie, elle aurait été seule, sans les soins si nécessaires pour mourir dignement. Et la doctoresse n’en aurait eu cure. Et nous qui pensions qu’en France, tout était différent…

mardi 27 mai 2008

Stage Service “Spécialités”

free music

JE SUIS TOMBÉ AMOUREUX
De tout un service!

Pour lever toute ambiguïté, je tiens ici à stipuler qu’il s’agit là d’entendre “Amour du travail” et non “Amour au travail”.
Je sais très bien que certains m’envient d’avoir choisi un apprentissage dans un monde de femmes
où la beauté (et celle intérieure n’est pas des moindre), assaille tout votre être. Mais là, je reste concentré sur cette activité du soin qui semble au fond si simple et qui en moi dévoile toujours plus de sa complexité.
La formation des aides soignante/s est certes en de çà de celles des infirmières mais elle s’y accole bien étroitement dans le quotidien d’un service quand vous côtoyez les mêmes corps “en souffrances potentielles”.
J’ai donc passé quatre semaines dans un service dénommé “spécialités” (ORL, OPHTALMO, STOMATO, GYNÉCO) où se mêlaient autour de pathologies bigarrées des patients de toutes les tranches d’âge. D’un enfant mordu à l’oreille par un labrador à cet homme rencontré en chirurgie “viscérale” le mois précédent à Grasse et devant là subir une laryngectomie.
Je précise que j’évoluais principalement en “ORL”
Une formation par apprentissage fait réellement sens quand l’accueil ne se limite pas à accepter dans ses murs “l’élève”. Si par chance vous atterrissez dans un service qui poursuit une réflexion sur l’encadrement des stagiaires (ici aide-soignants/infirmiers), vous avez de grandes chances de réellement apprendre et déjà vos propres limites.
Entendons nous bien, je parle d’apprendre pas de maternage.
Et là je dois dire que ma première surprise fut de rencontrer des personnes attentives et suffisamment passionnées par leur job pour en transmettre “les arcanes”. Montrer par l’exemple.
Chacune des AS qui m’a accompagné dans ces quatre semaines a cherché à partager son savoir. Avec le même souci de transmettre le meilleur d’elle-même avec la rigueur toujours expliquée des tenants et des aboutissants : que ce soit d’un soin, d’un matériel d’aspiration, d’un lit, des mises à jour des fiches “nutrition” des patients de la base du service.
Elles ont chaque fois cherché à me montrer combien chaque discussion avec un patient devait enrichir notre connaissance de sa singularité pour améliorer son suivi. Elles ont su me montrer l’importance du premier accueil d’une personne pour initier un séjour optimal pour son bien être.
Pour avoir mis leur patience à plus rude épreuve que ne l’ont fait les malades, je peux témoigner de leur abnégation et de leur sang froid.
Bien sûr comme dans toute collectivité, le climat est varié : ensoleillé, électrique mais j’ai appris en observant la vie de cette structure combien la force de travail des uns et des autres était huilée par la capacité à débattre, trancher et à se remettre en cause. Cela passe souvent par la subtilité de ceux qui encadrent.
Un médecin qui intègre jusqu’aux aides- soignantes dans ses visites médicales donne le diapason sur la manière dont vous serez soigné.
Je n’étais pas là pour faire un reportage ni un audit, juste pour apprendre ce que font ces “êtres” qui soignent, que l’on appelle IDE( elles, il, dans ce service), AS. Pour les unes, je suivais à leur humeur, la tension de leur journée pour les autres je focalisais mon attention à suivre leurs pas.
MA MÉMOIRE, CETTE FOIS, A IMPRIMÉ CES VISAGES À NE PAS OUBLIER!

mardi 20 mai 2008

À SUIVRE

Repenser la légitimité de l’école
L’actualité éducative du N°438 de décembre 2005
Entretien avec Carole Diamant
Carole Diamant, professeur de philosophie à Saint-Ouen, fait partie de ceux qui ont mis en place les conventions ZEP/Sciences-Po destinées à permettre, par un examen spécifique, l’entrée de jeunes issus de zones défavorisées dans cette école. Elle parle de cette « révolution » dans École, terrain miné (Liana Levi, 2005). Elle y analyse aussi son sentiment que le dialogue profs-élèves se grippe et qu’à la contestation des élèves a succédé, parfois, un inquiétant silence. N’est-ce pas alors sur sa légitimité même que l’école doit retravailler ?
jeudi 1er décembre 2005

Quel bilan faites-vous de la mise en place des conventions ZEP-Sciences-Po... ?

Ce bilan est éminemment positif, d’abord depuis septembre dernier où le président de la Conférence des grandes écoles s’est emparé de ce projet pour dire combien c’était une bonne idée. Il a enfin parlé... Enfin le projet est reconnu « d’utilité publique » - or le projet n’avait de sens que si on en arrivait là.
Mais surtout depuis le 7 septembre, date à laquelle le ministre de l’Enseignement supérieur, François Goulard a déclaré à l’École centrale de Paris que : « Ce qu’a fait Sciences-Po, qui a été très critiqué dès l’origine, est assez remarquable. C’est une vraie réussite. Il faut aller plus loin. » Tout est dit. J’ai le sentiment que ce qui n’était encore qu’un audacieux projet est aujourd’hui une voie de formation et d’accès reconnue parmi d’autres, passées et à venir.
Au-delà des premiers moments de doute, j’ai toujours pensé que cette innovation était une brèche capitale dans notre système de production des élites. Compte tenu de nos vieilles habitudes mentales, démontrer que les bons élèves de ZEP - car nous en avons, comme partout - sont capables de réussir à Sciences-Po, c’est quasi subversif ! Je reconnais que la première année, je n’étais pas du tout certaine que nos élèves pourraient accéder aux années supérieures sans difficulté particulière. Et pourtant c’est ce qui s’est produit. Ils connaissent en effet le même pourcentage de réussite et d’échec que ceux qui ont passé le concours traditionnel. Cela me rassure et encourage ma propre pratique d’enseignante. Je sais que tous les étudiants sont logés à la même enseigne. Les anciens élèves de ZEP ne sont pas « marqués » et seuls les quelques professeurs de Sciences-Po qui participent directement au projet les connaissent. Il n’y a donc pas de « discrimination » positive à proprement parler.
Un deuxième élément de bilan, c’est qu’ils sont très intégrés sur le plan associatif, ils viennent de créer l’année dernière une association, Le relais, qui a pour but d’élaborer un lien entre première et deuxième années. Les « première année » recrutés par le concours traditionnel viennent souvent de province, ils sont tout aussi perdus que ceux qui arrivent de banlieue. Cette association, née de leur initiative, travaille à l’intégration, toutes provenances confondues. C’est formidable de constater que des élèves venant de ZEP s’investissent pour l’intégration de ceux qui ont passé le concours, comme si tous les préjugés et préventions étaient en passe d’être vaincus.
Enfin, du côté des grandes écoles, on a compris le bien-fondé du développement de toutes ces formes d’accès ; on assiste au développement d’un grand nombre de propositions qui suivent cette expérience exemplaire.

L’égalité des chances vue comme une question socio-économique
Il est capital qu’on ne soit pas, ici, dans un système de quotas qui pourrait signifier qu’on sacrifie l’exigence de niveau. Je ne me serais pas inscrite dans un projet comme celui-là. Je préfère qu’on place le problème sur le terrain socio-économique et donc culturel, de fait.
Je me suis toujours située dans la perspective de l’égalité des chances. Si l’école républicaine n’est pas en mesure, pour mille raisons, d’assurer cette égalité - et elle ne l’est pas, je le constate - alors il est de son devoir de rectifier l’injustice qu’elle n’a pas su, ou pu, empêcher. Et je regrette que nous n’ayons pas eu nous-mêmes cette idée, c’est Sciences-Po qui est venu nous proposer ce projet. J’ai alors réalisé à quel point nous nous abîmons dans la routine, à quel point les questions les plus cruciales ne nous effleurent pas. Malgré la lecture de Bourdieu, ou, plus récemment, des travaux fructueux d’Éric Maurin, les habitudes mentales continuent de nous paralyser. C’est sans doute l’autre enseignement de cette heureuse initiative.
Quand Richard Descoings, le directeur de Sciences-Po, est venu à l’automne 2000 nous proposer son projet, j’étais assez méfiante. Je redoutais la complaisance à l’égard des jeunes défavorisés, et surtout, je craignais le syndrome de « l’éléphant blanc », le magnifique projet qui n’aboutit jamais. Que voulait-on faire à Sciences-Po de nos élèves de ZEP ?
Mais tout a été pensé et organisé pour que les élèves soient en situation favorable, en observation, certes, mais sans pression par rapport à ce qui allait se passer. Il fallait être sûr qu’on n’envoyait pas des gamins s’apercevoir qu’ils n’étaient pas capables de faire face à la quantité ou à la qualité du travail demandé. Cela aurait été psychologiquement destructeur pour les élèves et professionnellement inacceptable pour les adultes.
Le résultat, c’est que, depuis 2001,132 élèves de zones d’éducation prioritaire ont intégré Sciences-Po. Cette année, sur 23 lycées concernés, 57 candidats ont convaincu le jury d’admission, ce qui porte l’effectif à près de 190 admis depuis cinq ans (un cycle complet) dans le cadre de cette convention. Dans le lycée où je travaille, cette année, 19 élèves prétendaient intégrer, 11 ont été admissibles, 5 ont été admis. On ne peut plus dire aujourd’hui qu’il s’agit d’un épiphénomène. Les prévisions ont été respectées : la chose était souhaitable, preuve est faite aujourd’hui qu’elle était également réalisable.
Depuis que le ministre et le président de la Conférence des grandes écoles ont cautionné le projet, les autres lycées, non « conventionnés », devraient maintenant voir se multiplier les propositions et les possibilités. De nombreuses associations (anciens élèves de grandes écoles, cadres à la retraite...) s’organisent pour aider les jeunes, mettent en place des ateliers de travail ou de soutien. Et maintenant, ce sont les universités qui viennent nous tendre la main. La dynamique est lancée, on peut espérer voir se mettre en place ici ou là des initiatives permettant de remotiver une plus grande part des élèves et de débusquer partout les talents qui sans cela seraient restés en friche.

Retrouver une légitimité pour l’école
Il est plus que temps de prendre en compte les nouvelles difficultés que doit affronter l’école et qui ne se résument pas à la question des moyens.
L’une des plus graves et des plus difficiles, c’est que les enfants entrent trop souvent à l’école avec la conviction qu’elle ne leur donnera ni épanouissement personnel ni accès à un métier. L’autorité de l’école ne peut lui être insufflée du dehors, elle se tient tout entière dans cette double légitimité. C’est sur ce terrain-là que le projet Sciences-Po est gagnant : du point de vue professionnel, les élèves savent qu’ils auront un métier, quant à leur épanouissement personnel, ils découvrent d’autres groupes socio-culturels de toutes provenances, considérés comme les meilleurs, et se voient capables de s’y mêler et d’y trouver leur place. L’école est ici parfaitement dans son rôle et dans son rôle éminemment républicain.
Ce matin même, lendemain de la rentrée dans mon lycée, deux jeunes filles se présentaient déjà pour s’inscrire à l’examen. Avant même que nous ayons donné l’information... Si l’école est capable de rendre espoir, alors elle retrouve sa fonction républicaine c’est un grand pas de fait, parce que ce qui change dans ce cas, c’est la manière dont les élèves s’éprouvent à l’école.
Quand les « anciens Sciences-Po » reviennent au lycée, même s’ils n’ont eu que l’admissibilité, c’est pour dire aux autres, « tu peux réussir ».

Aider sans assister Pour préparer l’admission, nous proposons des ateliers. Deux heures par semaine, les élèves qui préparent l’entrée à Sciences-Po viennent au CDI où ils ont accès aux journaux qu’ils n’ont pas toujours les moyens d’acheter. Un ou deux profs peuvent les aider dans ce travail de lecture et d’analyse de la presse sur lequel repose le dossier qu’ils doivent préparer pour l’examen. Le travail sur la presse présente l’intérêt de permettre à tous l’accès à la même information, c’est donc une épreuve qui s’est voulue la plus égalitaire possible. Avec l’aide des professeurs, ils apprennent à décoder les articles, à prendre de la distance, à comparer le traitement de l’information selon les supports choisis, à distinguer synthèse des articles et réflexion personnelle. Des interventions extérieures (journalistes, cinéphiles passionnés, spécialistes de sociologie...), des sorties - à Paris où ils ne vont jamais alors qu’ils habitent tout près - leur offrent une ouverture culturelle aussi grande que possible. Mais c’est pratiquement seuls qu’ils élaborent leur dossier au cours des six semaines qui incluent les vacances de Pâques.
Tous les élèves peuvent s’inscrire, les bons comme les mauvais, jamais on ne refuse, jamais on ne décourage. L’expérience prouve que, une fois inscrits, ils mettent souvent en œuvre une motivation qui, même insuffisante pour décrocher l’intégration, les conduit à réussir leur bac, à entrer en prépa, ou en fac bien mieux armés.
Une fois à Sciences-Po, chacun de nos élèves se voit proposer un tuteur (professeur ou intervenant à l’école) qui peut l’aider à s’adapter, à organiser ou à faire un bilan de son travail. C’est le seul dispositif d’aide particulier à ces élèves. Il est intéressant de remarquer que nos élèves font de moins en moins appel aux tuteurs, ce qui n’est peut-être pas étranger à la création de l’association dont nous parlions plus haut.
L’heure de l’ironie à l’égard de ce projet semble passée, mais il reste des résistances discrètes de la part de ceux qui n’ont pas compris que l’école subit et reproduit, au moins en partie, les disparités issues de la société. Comment croire que la pratique enseignante et la transmission sont les mêmes dans une école élémentaire du 7e arrondissement de Paris et son équivalent à Saint-Denis ? Les professeurs devraient-ils fermer les yeux ? Pouvons-nous échapper à l’épreuve des faits, au constat du réel ?

À côté de cette belle réussite, quel regard portez-vous sur ce qu’on analyse parfois comme une résistance des élèves aux savoirs de l’école ?

Cette belle réussite - comme on peut sans doute la nommer - aurait-elle existé dans un contexte moins difficile, moins inégalitaire ? Les faits montrent que non. C’est lorsque les conditions d’apprentissage ont souffert les plus nombreuses et les plus criantes disparités que certains ont compris la nécessité d’inventer de nouvelles voies d’accès, de proposer une réponse du système scolaire aux immobilismes de la tradition.
Il n’est donc pas surprenant de voir cohabiter ces innovations et des situations scolaires devenues inquiétantes. Elles sont précisément destinées à y répondre avec plus ou moins d’anticipation et plus ou moins de bonheur.
Ainsi, si l’on se tourne vers les symptômes qui nous ont conduits à nous investir dans cette réflexion, nous savons bien que c’est une sorte de lassitude, de désengagement ou pire de rejet par certains élèves de toutes les représentations scolaires, qu’il s’agisse de l’autorité des enseignants - récurrent et ancien - ou de la méfiance - plus récente - à l’égard du contenu même d’enseignement.
Dans ce contexte, ce qui m’inquiète réellement c’est lorsque l’émergence d’un fort sentiment d’appartenance communautaire vient faire obstacle à la réception de ce que je suis censée transmettre ; c’est lorsque les enfants nous signifient qu’un contenu d’enseignement exclut l’autre - et on retrouve cela dans le rapport Obin.
Or, il me semble que l’enseignement, de la philosophie notamment, n’entre nullement en concurrence avec d’autres formes de transmission culturelle traditionnelle. Car l’école n’est pas destinée à transmettre un contenu d’idées toutes faites, mais à former des consciences.
J’ai parfois l’impression que le sujet-élève est divisé, et se croit obligé de se défendre d’un enseignement qui viendrait menacer ses propres valeurs et croyances ; la fâcheuse impression qu’on le sommerait d’adopter une pensée qui ruinerait la sienne et que cela le conduirait à une sorte de schizophrénie culturelle.
Répondre à cette interrogation comme professeur de philosophie, c’est rappeler que l’école n’a pas pour vocation de transmettre des idées toutes faites mais de fournir aux enfants l’état des connaissances à un moment donné et surtout de leur permettre d’en juger par eux-mêmes. Dans ce contexte, on ne comprend pas très bien ce qui doit faire conflit entre les professeurs et leurs élèves. Ainsi, nous avons pour charge d’expliquer l’athéisme ou la croyance, leur fondement, leurs perspectives, mais pas de persuader les élèves de l’un ou de l’autre. Le travail philosophique est un travail d’interrogation et d’analyse. Il est du devoir de la raison de penser la croyance, mais certains élèves peuvent aujourd’hui s’y refuser de peur de la détruire, ou parce qu’on le leur a interdit ( ?).
Ces questionnements sont nouveaux, ils ne se posaient pas quand nous étions enfants, on vivait alors entre soi, au sein d’une seule et même culture, mais les conditions ont changé. Beaucoup d’enseignants ont un rapport exclusif et universel à leur savoir, ils ont du mal à accepter le questionnement sur la vérité, particulièrement dans les sciences. Il leur est parfois difficile de prendre en compte que la science progresse « d’évidence provisoire en évidence provisoire », et que le provisoire passé devient erreur. Ils n’expliquent pas la distinction entre ce qu’on se sait capable de justifier rationnellement, et que nous appelons le vrai, et ce qui n’est pas justifiable rationnellement, mais que par d’autres approches on appelle aussi le vrai. Et les élèves mélangent tout, mais les professeurs ne sont pas toujours clairs non plus sur tout cela : on a peu enseigné la critique scientifique aux scientifiques... S’ils possédaient bien cette capacité critique et les éléments fondateurs du savoir, il leur serait peut-être plus facile de répondre aux différentes objections - souvent naïves - et d’analyser les hypothèses (contestables par nature) même si elles ont été élevées au rang de « vérité ».
Il est temps que nous prenions de la distance avec notre savoir, ce qui n’est pas le nier mais pouvoir justifier son statut. Même si, et c’est vrai, certains élèves sont maintenus, en dehors de l’école, dans une pensée fermée, cela ne regarde pas l’école. Si elle veut retrouver sa légitimité et son autorité, c’est à elle de se situer en dehors. Elle ne peut être l’une des chapelles, elle doit se situer au-delà du conflit et pour cela savoir instaurer un rapport critique et non dogmatique au savoir.
Ce n’est pas tant le contenu de savoir qui est à réajuster mais la disposition du professeur. S’il veut le rester, il lui faudra peu ou prou comprendre ses élèves. Tous ses élèves. Ce n’est pas rien... C’est un travail de fond dans la formation des enseignants. Notre public change, nous ne pouvons ressembler à nos maîtres. Il nous faut inventer. Nous n’avons plus à développer une connaissance du contenu à enseigner, trop large pour un seul homme, nous débordant de tous côtés (accélération infinie des découvertes et mise en ligne presque en temps réel sur Internet) mais une intelligence de ce contenu.
Les enjeux sont si grands que c’est peut-être une nouvelle révolution des lumières qu’il nous faut refaire aujourd’hui.

Carole Diamant, professeur de philosophie, Saint-Ouen.
Propos recueillis par Philippe Watrelot et Florence Castincaud, septembre 2005.

mercredi 14 mai 2008

mahe vous a envoyé un message du site Rue89

Rue89

mahe vous recommande le site Rue89
Message :
ouvre l'oeil!
de temps en temps
Côte d'Ivoire: la crise s'éloigne, la misère reste
par Frédérique Drogoul

Slogans pacifistes à l'entrée de la ville de Man (DR).
Je connais l'ouest ivoirien depuis vingt ans pour y avoir travaillé chaque année comme médecin puis psychiatre. Je n'y étais pas revenue depuis 2004, mais, ayant exercé entre temps au Liberia, j'ai pu mesurer ce qui a été évité dans l'ouest de la Cote d'Ivoire en 2003. Voici la première de trois chroniques d'une aventure en zone rebelle

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lundi 7 avril 2008

7 avril

je me découvre d'un feel

samedi 5 avril 2008

mercredi 2 avril 2008

De la mort. et de l'inconscient



Nous abordons en ce moment des cours autour de "la mort".
La mort à travers les âges, les civilisations, les religions, fondu enchainé pour vous ramener dans le couloir du service, la chambre, le lit où nous aurons à nous tenir face à cet être glissant dans un autre temps.
Maintenant que je connais un peu mieux les "formatrices", mon écoute tamise entre le flot des données générales et la part singulière qui va être offerte. Ce n'est pas forcément de l'anecdotique, "du vécu" comme l'on dit. C'est toujours un peu comme dans une thérapie, : une dimension que l'on devinait et que vous entendez, verbalisée : soudain dévoilée.
Je pensais à une femme de l'âge de ma mère qui venait de s'éteindre dans un service. Croisée dans son quotidien golgotha, promise aux cinq stations. Je pensais à son entourage si présent dans ce long moment. Elle avait un cancer du pancréas et je surveillais la couleur de sa peau lors de chaque toilette tandis que nous échangions des souvenirs italiens, elle, d'ÉMILIE, moi, du Pièmont. Je pensais à ce qu'avaient été les derniers moments de mon père et je voyais cette femme, presque sereine et informée de son état et j'essayais d'effacer l'expérience antérieure pour être dans ce temps, présent. La voix off de la formatrice me tira de ce souvenir, je ne retins pas la phrase entiére mais l'idée s'ancra dans mon esprit : "ne pas projeter le film avant qu'il ne se déroule, chaque synopsis est différent". L'éclairage irradia l'ultime flash back.
Au soir tandis que des collègues s'affairaient à la toilette mortuaire, je proposais à ses proches un café dans la cuisine du service. Ils acceptérent, ainsi commença leur veillée funébre.
Ce soir, en relisant mes notes, je me suis mis à feuilleter un petit essai de Carl Gustav Jung : "Essai d'exploration de l'inconscient". Quand il s'agit de la mort, la dimension irrationnelle n'est jamais très loin. Notre besoin de rationnaliser nous fait souvent des pieds de nez et l'inconscient dans tout cela?

mardi 1 avril 2008

les dits de Sibony

Euthanasie

La femme[1] qui a demandé à la justice d'autoriser son médecin à la faire mourir a posé un acte singulier dont l'intérêt dépasse la gestion juridique des fins de vie.

Cette femme a subi l'attaque d'une maladie incurable, invivable, qui aussi la défigure c'est-à-dire lui fait vivre un effondrement narcissique; on se reconnaît à son visage, et le sien lui imposait de se voir devenir autre, complètement autre; de ne plus pouvoir se reconnaître. C'est un malheur de plus, qui s'ajoutait à celui d'une mort imminente.

Or elle avait une certaine motilité, donc elle pouvait, comme d'autres, mettre fin à ses jours par une surdose de somnifères. Ce n'est donc pas l'acte de mourir qui lui faisait problème. Elle voulait autre chose. Peut-être voulait-elle que l'instance de la loi reconnût sa souffrance et lui dît une parole de consolation: oui, tu souffres trop, c'est inhumain, on comprend que la médecine t'aide à en finir, on ne dira rien au médecin, ta souffrance est plus forte que la loi qui l'empêche d'agir, etc.

Mais la justice, la pauvre justice réduite à gérer les affaires courantes et à pointer les règlements, pas si simples à appliquer, n'a pas l'habitude de symboliser une souffrance, de faire des actes consolateurs. Elle qui peut laisser traîner un procès plus de dix ans et infliger la souffrance de l'attente à des gens qui "meurent" d'injustice, et qui attendent en vain - elle ne pouvait que renvoyer au règlement. Ce qu'elle a fait.

Ceux qui demandent à la loi d'autoriser formellement l'euthanasie disent surtout leur angoisse de décider eux-mêmes de leur mort. Ils demandent que la loi les protège, les prenne sous son aile. C'est une demande émouvante, audible, mais pas facile à industrialiser. La traiter au cas par cas n'est pas si bête.

Vouloir faire de cette demande une loi, cela séduit les esprits simples, mais ce n'est pas sans problèmes. D'abord cela supprimera les "demandes" puisque la chose se fera automatiquement; alors que cette femme a eu tout de même la compassion d'un pays entier.

Sans parler des effets pervers de la loi, où l'on tuera à tour de bras en se sentant "couvert". Il est vrai que ces effets pervers existent déjà, même sans la loi…, et qu'il y a des services où l'on nettoie sans état d'âme.

dimanche 30 mars 2008

mon moi de mars avec Mélanie

Le co-voiturage a des vertus insoupçonnées. La première est qu’il vous empêche de vous débinner quand tout semble s’écrouler autour de vous.
J’ai commencé ce stage en “CHIR A” (Chirurgie viscérale et vasculaire) par un uppercut matinal. Je savais ma vue approximative mais en choisissant cette reconversion professionnelle, je n’avais pas noté de désagrément majeur. Et là en faisant le relevé des températures de chambre en chambre : bing! Impossible de voir le gradient sur le thermomètre. Ou du moins un grisé imprécis entre la numérotation et ce liquide argenté (qui n’est pas du mercure) . Je ne vous dis pas ce sentiment de panique, un rappel de 380 volts dans tout le corps. Tout se fait lourd, immensément lourd. Bien sûr, j’ai joué carte (canne) blanche avec ma collègue en lui énonçant le problème et j’ai senti dans son regard une soudaine lassitude : style “c’est bien mon jour”.
Le truc chez moi est lorsque je plonge, j’y vais à fond.
J’ai aligné les bourdes saupoudrées sur chaque nouvelle-nouveau collègue si bien que j’ai rapidement mesuré leur lassitude, voire leur répulsion à approfondir la question. Le premier vendredi est arrivé à la vitesse grand V . Vaincu et lessiV!
Si ce n’étaient, si ce n’étaient ces brefs moments dans la voiture sur ce trajet Cannes -Grasse et retour où la voix chaude et rieuse de Mélanie tentait de me montrer les bons côtés à ne pas escamoter.
Non pas de la méthode Coué, à grands coups de cela ira mieux demain mais une écoute, une simple écoute pour retrouver un souffle. La parole de Mélanie m’abreuve limpide. Elle n’est pas nourrie de faux semblants, de double sens. Elle parle de tourments, de blessures, elle parle d’énergie et de fers rouges sur l’âme. J’écoute souvent son flux non préoccupé de chercher à la source, tous les pourquoi induits.
J’ai la chance de connaître quelques êtres où l’échange peut ainsi se déployer et cela m’a toujours été nécessaire.
Nous avons 17 ans de différence. Cet espace temps ne signifie rien sur le plan de l’acuité intellectuelle, juste un peu plus sur un temps autre, celui qui m’a tramé cette “texture bizarre”, comme étranger à soi-même.
Mélanie n’émet pas de jugement de valeur sur l’énoncé de vos paroles. Elle les laisse s’envoler et permet ainsi d’en saisir l’écho.
J’ai du répéter de nombreuses fois dans ces aller-retour, des épisodes où sous le simple regard d’une observatrice ou d’un observateur, j’avais ce sentiment de me liquéfier (pas fier du tout), de glisser dans des états hypnotiques détachés de toute réflexion. Ou mon énervement “retenu” à m’entendre appeler “jeune homme” alors qu’à 56 balais, je devais être le plus âgé du service, mis à part les patients. Et je me demandais ce que pouvait signifier une telle “transparence” chez toutes ces spécialistes des 14 besoins de Virginie Henderson, aux diagnostics exercés?
L’idée de l’ennuyer ne m’est même pas venue à l’esprit.
Aujourd’hui le stage est terminé. Mes notes sont lamentables mais je ne les conteste pas. L’appréciation générale précise : “Ponctualité respectée. Très peu de compétences acquises à ce jour, la discrétion ne doit pas être un frein à la formation, la curiosité intellectuelle permet d’avancer et d’évoluer dans le métier. Stage très moyen. Des efforts à faire”.
J’essaie de comprendre. J’ai quelques intuitions.. Bizarrement, je suis content de n’avoir pas “fui”. J’ai pu observer le fonctionnement d’un service hospitalier, de voir des êtres s’impliquer, se mobiliser, donner le meilleur d’elles mêmes (d’eux mêmes) pour résoudre des questions où la souffrance est toujours présente. Je dis des êtres pour souligner cette primauté de leur humanité sur leur savoir “technique” ; qu’elles/ils soient infirmières ou aides-soignantes (aides -soignants) et j’ai gagné une véritable amie!
dimanche 30 mars 2008 : 37° 2 au matin

lundi 17 mars 2008

Teasing

il faudra bien que je relate les aventures de jm en CHIR A
mais pas ce soir : because ze blues

jeudi 13 mars 2008

glossaire ; chirurgie viscérale

FIBROSCOPIE
http://www.santea.com/gp/santea/gp/specialites/gastro_enterologie/examens_complementaires/la_fibroscopie_gastrique_en_video

jeudi 6 mars 2008

sexualité : enquête

Société
Armelle Andro, chercheuse associée à l'INED, a participé à l'enquête sur la sexualité en France qui paraît le 13 mars, en se penchant sur la question des représentations de la sexualité.
Recuelli par Cordélia Bonal
LIBERATION.FR : jeudi 6 mars 2008
Alors qu'en matière de sexualité les différences entre hommes et femmes ont tendance à s'estomper dans les pratiques, l'enquête montre qu'elles persistent dans les représentations...
Oui, et parfois même elles se renforcent par rapport aux années 70. Chez les femmes, la sexualité relève toujours de l'affectif, du conjugal, de la construction de la relation, tandis que chez les hommes, la sexualité est toujours pensée comme étant de l'ordre des besoins physiologiques. Cette idée sur les hommes est non seulement partagée par les deux sexes, mais les femmes y croient même plus que les hommes.
Cela se retrouve dans la manière dont les enquêtés ont répondu par exemple aux questions sur le nombre de partenaires, toujours beaucoup plus élevé chez les hommes (11 en moyenne) que chez les femmes (4), même si la différence tend à se réduire. Mais quand les premiers comptent tous leurs partenaires, disent «j'en ai eu tant», les secondes ont tendance a ne retenir que «ceux qui ont compté». Elles oublient, volontairement ou non, leurs histoire peu brillantes ou qui n'ont duré qu'un soir.
Ces différences de représentation dépendent-elles du niveau social?
D'une manière générale, plus on est diplômé, et moins la vision de la sexualité est différencialiste [femmes plus affectives et hommes plus "physiologiques", NDLR]. Mais cela dépend aussi de l'expérience sexuelle de chacun. Par exemple, plus une femme est expérimentée, moins elle sera encline à dire que la sexualité chez l'homme relève avant tout du besoin.

Qu'en est-il du rapport à la fidélité?
La norme de la monogamie reste très largement prépondérante. Mais il y a des différences entre les générations. Chez les jeunes, c'est un peu «tant qu'on est ensemble il faut être fidèle, mais on peut avoir d'autres vies après». Ils sont moins idéalistes, plus pragmatiques. Ils se donnent le droit dès le début de passer à autre chose, alors que leurs aînés étaient plus dans une conception de la fidélité pour la vie, même si dans la réalité cela ne se passe pas toujours comme ça...

Vous montrez dans l'enquête qu'on est passé de la libération sexuelle à une «injonction» sexuelle...
Il y a l'idée qu'une sexualité épanouie fait partie d'une vie réussie, presque de la «bonne santé». Cela peut être pesant pour les gens qui ont peu d'opportunités sur le «marché sexuel», à certaines périodes de leur vie. Et comme on pense que les hommes ont plus de besoins, c'est naturellement d'autant plus pesant pour eux. Ils ont plus «la pression». Les femmes, elles, peuvent dire « en ce moment, pour telle ou telle raison, la sexualité n'est pas la priorité pour moi», c'est considéré comme légitime.

interlude

tv screen!

sur le site de www20minutes

Nouvelle percée contre le Sida

Une modélisation du virus HIV responsable du Sida


Un quart de siècle après avoir isolé le virus responsable du Sida, les chercheurs ont enfin découvert comment certains individus infectés parviennent à échapper à tout symptôme. Une équipe nord-américaine a en effet identifié une protéine impliquée dans la protection des cellules immunitaires contre les maladies virales. Leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue Nature Medecine.

Une protéine pour se défendre

«Notre groupe a découvert l’importance vitale de la protéine clé FOX03a pour la survie des cellules de la mémoire centrale [du système immunitaire], endommagées chez les sujets séropositifs même lorsqu’ils suivent un traitement», explique Rafick-Pierre Sékaly, directeur de l’Unité de recherche en immunologie humaine, un laboratoire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) implanté à Montréal (Canada).

«Il s’agit de la première étude effectuée sur des êtres humains plutôt que sur des animaux à se pencher sur la protection du système immunitaire contre les infections et à établir le rôle fondamental d’une protéine dans la défense du corps», ajoute Elias El Haddad, qui a participé à ces travaux.

Corps d’élite contre VIH

L’infection du VIH entraîne habituellement une dégénérescence graduelle des lymphocytes T CD4+, qui constituent la mémoire centrale du système immunitaire et jouent un rôle important dans la protection permanente contre les virus. Toutefois, on s’est aperçu que certains sujets séropositifs, appelés par les chercheurs «contrôleurs élites», ne présentent jamais aucun symptôme d’immunodéficience, même en l’absence de traitement.

Pas de Fox3, pas de Sida

Afin de comprendre ce qui protège ces individus des effets du Sida, le docteur Sékaly et son équipe ont étudié in vitro les lymphocytes prélevés sur trois groupes de sujets: séronégatifs (non infectés), séropositifs dont l’infection était contrôlée avec succès grâce à une trithérapie et séropositif contrôleurs élites. Ils ont ainsi constaté que la survie des cellules immunitaires des contrôleurs élites découle de l’inactivation de la protéine FOX03a, qui est produite naturellement par les sujets séronégatifs et séropositifs «normaux».

Nouvelles thérapies?

Sékaly estime que la découverte de son équipe est très prometteuse pour le traitement du VIH mais aussi d’autres maladies immunologiques. «La découverte de la protéine FOX03a permettra aux scientifiques d’élaborer des thérapies adaptées à d’autres maladies virales qui affaiblissent le système immunitaire, telles que le cancer, l’arthrite rhumatoïde, l’hépatite C, de même que les rejets observés dans la transplantation d’organe ou la greffe de la moelle osseuse», assure le chercheur.


Yaroslav Pigenet


20Minutes.fr, éditions du 03/03/2008 - 13h24

dernière mise à jour : 03/03/2008 - 18h03

lundi 3 mars 2008

VIEILLIR AUTREMENT

Une maison de retraite autogestionnaire et solidaire,
initiative de "copines de 25 ans"

Une maison de retraite autogestionnaire et solidaire, initiative de "copines de 25 ans"

Vendredi 26 septembre 2003
Source : LE MONDE

Un nouvel acteur social est né : le réseau de copines. A Montreuil, dans le "9.3", trois jeunes septuagénaires - "des copines de 25 ans", disent elles - ont décidé de réaliser une maison de retraite pour elles-mêmes et leurs amies. Une initiative "autogestionnaire et solidaire", qui a résolument l'intention de faire école et dont la réussite pourrait heureusement bousculer le monde assez sclérosé de l'hébergement collectif des personnes âgées.

Thérèse Clerc, 76 ans, Monique Bragard, 71 ans, et Suzanne Goueffic, 72 ans, sont en effet porteuses d'un projet immobilier de "vieillesse solidaire", qu'elles défendent depuis 1997 sous le nom de "Maison des babayagas". Malgré cette appellation gentiment baba cool - "la babayaga, sorcière des légendes russes, habite une maison montée sur des pattes de poulet et dont les murs sont en pain d'épice et le toit en pâte d'amande" -, ces trois femmes ont su convaincre le maire de Montreuil, Jean-Pierre Brard (communiste rénovateur), et le directeur général de l'office d'HLM, Jean-Luc Bonabeau, de soutenir et financer leur initiative. "Ces deux hommes ont été des interlocuteurs exceptionnels", affirme Monique Bragard.

Le projet "babayaga", c'est la volonté de s'approprier son propre vieillissement. Soit une maison de retraite conçue, habitée et autogérée par une vingtaine de retraitées qui se cooptent entre elles, regroupées en association, et dont le "projet de vie" est assez riche pour satisfaire les aspirations individuelles aussi bien que collectives. "Les "babayagas" ne s'enfermeront pas dans un ghetto mais participeront à la société à travers le soutien scolaire, l'alphabétisation, l'aide aux jeunes femmes, la transmission des savoir-faire et traditions, les soins du corps, la gymnastique, les thérapies douces diverses, les massages, sans oublier un projet de piscine en sous-sol", explique Thérèse Clerc.

Entre la solitude à domicile à tout prix et le placement en catastrophe en maison de retraite pour cause de handicap ou d'accident médical, ces trois femmes ont estimé qu'il y avait de la place pour une alternative plus séduisante.

COÛTS RÉDUITS

Le plus étonnant est que le maire, Jean-Pierre Brard, écrit à Thérèse Clerc dès 1998 qu'il "est tout à fait favorable à une réalisation de ce type".Mais la vraie victoire a surgi de l'accord financier du directeur de l'office HLM de la ville. Jean-Luc Bonabeau a accepté en 2003 de "porter le projet". "La mairie cède le terrain, explique-t-il, l'office HLM construira le bâtiment, dont il demeurera propriétaire. L'investissement mobilisera environ 2 millions d'euros. Le chantier devrait démarrer au premier semestre 2005 pour livraison d'une vingtaine de logements en 2006. Le loyer des studios et deux-pièces ne devrait pas excéder 200 euros par mois."Sachant qu'une maison de retraite décente coûte dix fois ce prix (au minimum), les marchands de sommeil du grand âge ont du souci à se faire.

Les coûts resteront d'autant plus réduits que les "babayagas" géreront le lieu elles-mêmes, acceptant le moins possible d'aide extérieure. "C'est en étant solidaires les unes avec les autres et en vivant collectivement que nous nous aiderons à bien vieillir ensemble", dit Thérèse Clerc. Le terme "bien vieillir" est d'autant plus important que ces trois femmes ont eu à gérer le vieillissement de leur mère. Elles ont aussi compris à cette occasion qu'elles ne pouvaient faire porter aux générations montantes le risque de dépendance qu'elles pouvaient elles-mêmes représenter.

"La maison des "babayagas" prendra donc en charge les handicaps des unes ou des autres s'ils viennent à se produire au fur et à mesure de la montée en âge des résidentes", explique Thérère Clerc. Le local sera donc adapté aux fauteuils roulants et les douches conçues pour des personnes handicapées. La seule limite sera cependant les maladies dégénératives et les démences de type Alzheimer : "Là, le collectif ne saura pas faire, et le transfert vers une institution adaptée sera envisagé."

MAISON UNISEXE

Dans sa grande sagesse, le collectif a également prévu une ou deux habitations vides "pour les invitées" des unes ou des autres. "Mais, en réalité, cela conviendrait parfaitement pour une infirmière pendant la nuit", explique Thérèse Clerc. Laquelle estime que la construction d'une institution ad hoc genre Mapad (maison d'accueil pour personne âgée dépendante) non loin du projet Babayaga serait fort bienvenu.

Point important : la maison des "babayagas" sera résolument unisexe. Les hommes pourront visiter les "babayagas" dans la journée, mais ne pourront jamais postuler à l'attribution d'un logement. "Compte tenu du contexte démographique, les hommes seraient forcément minoritaires et leur présence déséquilibrerait les relations", dit Suzanne Goueffic. "On leur tient déjà la main tout au long de la vie, on ne peut pas continuer de les bercer indéfiniment", plaisante Thérèse Clerc. Seules les veuves, divorcées et célibataires pourront donc être cooptées. Une période probatoire de six mois sera en tout cas instituée pour réparer une éventuelle erreur de casting.

Le trio dirigeant a aussi prévu la création d'une "médiatrice" extérieure à la communauté. "Les femmes âgées, c'est pas commode, reconnaît Thérèse Clerc, un juge extérieur aidera à réguler nos humeurs." Un principe sera toutefois gravé dans le marbre des consciences de chacune : "Ne jamais se coucher fâchées."

Yves Mamou

dimanche 24 février 2008

"Opération « mains propres » dans les maisons de retraite "

Leparisien.com http://www.leparisien.fr/home/imprimer/article.htm?articleid=296083079
1 sur 2 25/02/08 6:41
ENQUETE.

TWENTY

appelons là ainsi.
J'ai en tête certains portraits de collégues de promo, des esquisses ou des pointillés qui me donnent des indices sur les personnalités côtoyées.
Mon regard de cyclope ne revendique ni précision ni grande lucidité mais la réduction de la focale me fait parfois zoomer sur des instants marquants. Où du moins qui me marquent.
J'ai eu la chance lors de mon premier stage d'être "drivé" par une aide-soignante qui reste ma référence. Plus que des gestes techniques, plus qu'une grande disponibilité : une aptitude et un souci constants à envisager chaque patient avec la singularité de son histoire et de sa souffrance.
Depuis je mesure chaque fois mon écart à ces dimensions.
Dernièrement une collégue a eu une note optimale lors d'un module d'hygiène. Elle fut la seule. Je ne vous parle pas de la mienne (shame on me)!
Avoir une telle note n'a rien en soi d'extraordinaire mais dénote pour moi une dimension qui me fait défaut : un travail constant, méthodique, une curiosité.
Cette jeune femme ne cherche pas à se singulariser. Elle est calme et posée. Les notes qu'elle prend, s'alignent avec clarté sur la page, ordonnées et lisibles. Pour avoir échangé quelques mots, je sais qu'elle a déjà une pratique significative dans le métier.
En refermant son classeur ce vendredi, elle a laissé échapper : "Comme j'aime ce que je fais, je le fais bien".
La phrase scintille dans mon esprit : depuis.

mardi 12 février 2008

PHOTOLANGAGE

J’avais à choisir deux photos pour illustrer ce que la vieillesse représentait pour moi. À la sortie de ce stage en gériatrie, mon esprit sevrait de visions et de sons s’est mis en tête de chercher ce qui faisait sens pour cet état de la vie qui collectionne comme tout autre d’ailleurs tant d’ images d’Epinal : sagesse, temps réapproprié et bien sur, tout ce que le consumérisme actuel fait miroiter.
J’ai jeté mon dévolu sur des mains d’une femme tricotant, aspiré par le souvenir si prégnant à ma peau du flot de paroles que déversait “la nonna”. Cette dimension paradoxale d’un toucher protecteur et d’un flot de mots incompréhensibles, comme peut l’être cette propension de certains adultes à prendre pour confident un enfant.
La deuxiéme photo présentait une eau calme sur laquelle glissait une barque avec deux personnes ramant. Le filtre orangé de la photo me suggérait l’aube d’un jour et l’idée de “l’Achéron”, ce fleuve de la mythologie grecque menant à la mort s’imposa d’évidence en miroir à l'invocation incessante qui s'échappait de sa bouche“voglio morire”.
Et nous glissions ensemble vers cet horizon!
“Vous êtes hors-sujet” me fit remarquer la formatrice, “vous vous cachez dans des mots”. À observer l’assentiment de mes collègues de promo, j’avais fait fausse route. Sans toussoter, je restais coî.
L’idée que la dame eut raison me percuta.
Craignais je cet état de la vie? Avais-je déjà la sensation d’arpenter cet espace de finitude?
Les questions sont souvent les réponses.
J’eusses aimé faire ressentir autre chose.
Une expérience singulière de cette transmission par capillarité de sagesse et de folie.
J’ai ce sentiment qu’enfant déjà j’étais très vieux, baigné par des angoisses de désespoir & de fin. Singulière entrée dans la vie par le prisme perceptif qui enserre ceux-celles qui atteignent cet âge de la vie où l'étau des questions primordiales semble un indépassable.
Je n'ai sur la vieillesse aucune idée préconçue : ni fascination ni rejet, cela me rend au moins attentif.

jeudi 31 janvier 2008

et la vie continue

les questions de vie et de mort, les questions de ses propres limites, ce curieux monologue suscité par ce métier m'intrigue et me plaît. Je suis entrain de lire un bouquin de Sogyal Rinpoché intitulé "le livre tibétain de la vie et de la mort", j'approche toujours les livres comme une cueillette dans un verger, l'aspect, le titre et surgit la tentation.
Le religieux ni ne m'inspire ni ne me rebutte, je suis dans cet état d'esprit où je n'ai rien à préserver. Je n'ai pas non plus de quête précise ni un besoin d'assurance vie ou post mortem.
Je lis donc avec plaisir ce que j'accueille et j'en arrive même à savourer.
La sagesse tibétaine offre une richesse bienvenue quand on cherche à s'avancer dans cette sphére de la santé. L'idée d'impermanence fait rapidement écho à tous ces menus faits que l'on côtoie. Ne pas avoir d'idée préconçue.
En prenant la relève ce matin, nous nous sommes retrouvés une de moins : douleurs lombaires.
Quand l'activité se déploie sur trois étages pour une bonne centaine de résidents, les esprits gambergent très rapidement sur l'organisation du travail qui s'offre aux restants pour assurer les soins d'hygiéne et les petits déjeuners sans glisser dans les dérapages. Les plus expérimentées percevant la quadrature du cercle ont vite tiré la conclusion que de l'aide était nécessaire. Le téléphone s'est allumé, l'aide soignante a simplement dit " c'est showtime, il faut que tu viennes" et la copine, tirée de son sommeil s'est pointée une demie heure après, sans râler ni aller d'un commentaire. Et là je dis "great". Chapeau. Depuis quinze jours, je vois ces femmes travailler dans des situations souvent compliquées, éprouvantes nerveusement et donc physiquement, avec des horaires qui imposent à leur vie personnelle, une grande souplesse d'adaptation . Elles ne s'économisent pas et elles sont aussi capables de répondre "présentes" sur un simple appel par ce qu'elles savent que ce n'est pas un appel simple.
Avec ce genre de personnes, j'aurai toujours plaisir à travailler.

article du figaro


  • 80 % des établissements de santé contrôlés ont de bonnes performances. Mais il reste des points noirs.

    La lutte contre les maladies nosocomiales s'est améliorée, selon le classement publié mercredi par le ministère de la Santé et réalisé sur la quasi-totalité des 2 800 établissements de soins de notre pays. Cependant, «ces résultats sont encore perfectibles», a estimé mercredi Roselyne Bachelot, le ministre de la Santé, en commentant ces chiffres. Ce classement a été rendu public mercredi soir sur le site Internet du ministère. Les établissements sont tenus de communiquer leur notation en interne et aux représentants des usagers. Public, ce classement permet des comparaisons.

    Rançon du progrès médical, les maladies infectieuses contractées à l'hôpital ont augmenté avec la multiplication des actes «invasifs» : sondes urinaires ou trachéales, pose de cathéters, etc. Avec 4,97 % de patients touchés par une infection nosocomiale, ces résultats sont parmi les meilleurs en Europe où les pourcentages se situent entre 4,9 et 8,5 %.

    Le panel des établissements contrôlés est très large : il va des centres hospitaliers universitaires aux hôpitaux locaux, en passant par les cliniques privées, les centres de dialyse ou les centres de lutte contre le cancer. Près de 80 % de ces établissements ont de bonnes voire de très bonnes notes. Ils sont classés A ou B (sur un tableau qui va de A à F) selon «l'indice ICALIN» (indicateur composite d'activités de lutte contre les infections nosocomiales). Un sigle un brin abscons qui reflète le niveau d'engagement de l'établissement de santé dans sa lutte contre ces infections (1). Seuls 1 % figurent en bas de tableau.

    Concernant la surveillance des infections après une intervention chirurgicale, la situation s'est améliorée : 72 % des établissements l'ont mise en place. «Mais les résultats sont encore en deçà de l'objectif de 75 % fixé par le plan 2005-2008», a déclaré la ministre, ajoutant qu'«elle va pénaliser ceux qui ne l'effectuent pas».

    «Chacun l'a bien compris, le présupposé essentiel de la confiance qu'il convient de préserver, c'est la sécurité», a insisté Roselyne Bachelot. À cet égard, les infections nosocomiales ostéo-articulaires complexes, qui recouvrent des infections sur prothèse ou sur matériel d'ostéosynthèse et les infections post-traumatiques, suscitent une inquiétude particulière en raison des séquelles induites. 2 000 à 2 500 cas sont relevés chaque année. La moitié d'entre eux sont obligés d'arrêter définitivement leur activité professionnelle à la suite d'une infection profonde. L'autre moitié est obligée de s'arrêter de travailler deux ans en moyenne. Pour garantir une expertise et une prise en charge de qualité de ces infections ostéo-articulaires, dix centres vont être créés et répartis sur le territoire. Pour un budget total d'1,5 million d'euros.

    Journée de sensibilisation

    Pour la première fois, un nouvel indicateur rend compte de l'implication des établissements en matière de bon usage des antibiotiques. Ce point est particulièrement importa nt. Car la lutte contre ces infections doit tendre à ce que les bactéries responsables ne soient pas multirésistantes aux antibiotiques (comme par exemple certains staphylocoques dorés).

    Enfin, Mme Bachelot insiste tout particulièrement sur l'hygiène des mains, qui doit constituer une règle d'or de la pratique soignante en milieu hospitalier. Mais, pour l'instant, l'utilisation de solutions hydro-alcooliques, destinées à améliorer l'hygiène des mains, est encore trop peu répandue. Seuls 12 % des établissements sont classés A ou B sur ce critère. Une journée de sensibilisation à ce propos aura lieu le 23 mai prochain.

    (1) www.icalin.sante.gouv.fr et au 0820 03 33 33, pour répondre aux demandes d'information des usagers.

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vendredi 18 janvier 2008

JEAN BAPTISTE



Jean Baptiste s'est donné la mort. Je ne le connaissais pas suffisamment pour parler de lui. Nous nous croisions dans l'espace de cette formation d'aides soignants échangeant des regards dans une économie de mots. Il devait avoir la moitié de mon âge, un visage à la "Nicolas Cage" & une chevelure de guerrier indien. Son corps emmagasinnait un potentiel d'émotions qui lorsqu'il trouvait l'interstice où se faufiler, libérait ses bienfaits.
Mes épaules mémorisent l'empreinte de ses mains dans les séances de travaux pratiques & leur savoir. Ses mains avaient cisellé la pierre avant de s'initier à prendre soin des corps. Elles étaient puissantes et timides.
Cet homme était un être délicat.
Je repasse un diaporama de la première animation dans la maison de retraite de Mougins, il avait apporté des pâtisseries "tunisiennes"pour agrémenter la cérémonie du thé. C'était un être généreux.
Passer à côté de quelqu'un de bien. Cette phrase m'accompagne depuis vendredi soir.
Cette simple phrase qui ne dit pas l'illusion de chercher à faire des miracles ni la propension névrotique à résoudre les problémes d'autrui mais qui pointe une défaillance, un manque de curiosité et plus tristement une faute : de gout.

mercredi 9 janvier 2008

effet-miroir

je dois faire une auto évaluation sur ces quatre premiers mois & je me sens un peu embarrassé.
J’ai commencé cette formation avec un moral d’enfer, chargé à l’EPO : ego plus optimiste.
J’en ai oublié “les fondamentaux” le travail de soute, au quotidien d’où un retard abyssal au premier rendez-vous d’un contrôle des connaissances.
Sans omettre un premier stage où j’ai soigneusement gâché l’attention & les conseils généreusement prodigués. Pourtant ma bonne volonté & cette motivation acquise en moins de quatre mois d’une activité non feinte en maison de retraite & auprès d’enfants polyhandicapés étaient (d’après moi) prometteuses.
Las, je n’ai retenu que ces réflexes de “bricolage” où l’on se sert de ses deux mains pour coller une protection sans trop s’interroger sur la personne qui s’en remet à vous dans des moments certainement humiliants. Et je n'aborde pas les questions d'hygiéne si évidentes & complétement évacuées.
Au quatrième mois je commence à piger que ce métier est aux antipodes de cette caricature.
Vous vous dîtes à cet instant soit ce mec n’est pas une lumière (qui qui dit çà) soit il est bloqué ou pas fait pour le job? Maintenons le suspens.
J’avoue quand même quelque chose. Je suis atteint du syndrôme du gentil garçon, celui qui enfant descendait des trottoirs quand une “mémé” un peu imposante, un peu brinqueballante s’avançait ou répond présent à toutes les galères qui se présentent par cet excés d’empathie pathétique qui ferait dire au premier “psy” attentif : “ce gars-là “ cherche à être membre du club, de n'importe quel club.
Imaginez un ramasseur de balles à Roland - Garros par exemple qui se précipiterait sur l’objet volant identifié avant même qu’il ne touche le sol pour le remettre en main propre au federer du fond du cour.
Vous me direz que la métaphore pêche par ce que le federer, il est loin d’être manchot & que chopper une balle qui fuse à 200 kms/h faut être cinglé. Mais l’idée de se substituer ainsi à quelqu’un plutôt que de l’inciter, l’accompagner à accomplir une action autonome relève du non-sens.

Ainsi étais-je?
Plus j’apprends tout ce qui tourne autour du corps & les mots pour le dire, plus je me dis qu’une partie de cet enseignement pourrait être au programme des écoles de France pour préparer des citoyens plus subtils, plus sensibles à eux-mêmes & à autrui plus instruits sur ces causes nationales que sont “les choses de la santé”.
Quand je vois des glandus, cigarette au bec disserter sur la “liberté” (la leur) en danger, j’hallucine : à jeun. Les cigarettiers doivent se frotter les mains & les maffieux de tous bords sniffer la bonne affaire, le bizzness a encore de beaux jours.
La liberté mérite une autre réflexion que celle de pseudos hédonistes camés à des produits & dans leur dépendance. Mais je m’emporte!

Ce qui est marrant d’ailleurs reste la vérification de ces proverbes “de grand-mère” style : “les cordonniers sont les plus mal chaussés (à peu près) & les volutes qui montent lors de nos temps de pause attestant combien chez les “pros de la santé” en griller une petite reste encore : une respiration.
Bon à ce jour, je suis loin d’être un bon!
Je suis comme toujours devant l’épreuve de l’étude à tourner autour au lieu de m’organiser, de planifier simplement l’acquisition de ce b.a ba. Je ne vous dis pas la somme de travail que se coltine les étudiantes-s infirmiers, les voir marner m’aide comme ces voitures qui cherchent l’aspiration. Je vais encore zigzaguer qqs jours mais je n’ai nullement envie de me planter avant d’aborder la ”ligne droite des Hunaudières”
A CIAO






vendredi 4 janvier 2008

BRÉVES : SITE INTERNET

Les franchises médicales débarquent aujourd’hui. Pour la première fois une brèche a été plantée dans la solidarité qui faisait que les non-malades payaient pour les malades.
ÉRIC FAVEREAU
QUOTIDIEN : mardi 1 janvier 2008

mardi 1 janvier 2008

"je ne pense pas donc je suis"

presque un AS.
Autre facette de ce métier, ne pas être fixé dans sa subjectivité devant un patient. S"en tenir à l'observation. Dans mon expression orale, j'ai des ritournelles qui montrent encore bien combien je verse encore dans la confusion. J'ai beau avoir recensé les données d'un dossier de patient, tous ces éléments qui permettent de se repérer pour l'accompagnement qui s'en suivra, arrive la locution de trop : "je pense que". Et là le visage de la cadre infirmière dessine un large sourire, sorte de flash immédiat devant le franchissement de "cette ligne jaune". J'ai beau tenté de rebobiner le film, le "je pense que" s'avère une sorte de glissement entre les faits, le constaté & l'ébauche de : l'interprétation.
Durant l'entretien, mon esprit engoncé dans son mécanisme s'est mis à fredonner un nouveau gimmick : "je ne pense pas donc je suis" mais les dérapages se sont reproduits. Ma formatrice alignait les pénalités en forme de sac de papillottes mais c'est moi qui était chocolat!