jeudi 31 janvier 2008

et la vie continue

les questions de vie et de mort, les questions de ses propres limites, ce curieux monologue suscité par ce métier m'intrigue et me plaît. Je suis entrain de lire un bouquin de Sogyal Rinpoché intitulé "le livre tibétain de la vie et de la mort", j'approche toujours les livres comme une cueillette dans un verger, l'aspect, le titre et surgit la tentation.
Le religieux ni ne m'inspire ni ne me rebutte, je suis dans cet état d'esprit où je n'ai rien à préserver. Je n'ai pas non plus de quête précise ni un besoin d'assurance vie ou post mortem.
Je lis donc avec plaisir ce que j'accueille et j'en arrive même à savourer.
La sagesse tibétaine offre une richesse bienvenue quand on cherche à s'avancer dans cette sphére de la santé. L'idée d'impermanence fait rapidement écho à tous ces menus faits que l'on côtoie. Ne pas avoir d'idée préconçue.
En prenant la relève ce matin, nous nous sommes retrouvés une de moins : douleurs lombaires.
Quand l'activité se déploie sur trois étages pour une bonne centaine de résidents, les esprits gambergent très rapidement sur l'organisation du travail qui s'offre aux restants pour assurer les soins d'hygiéne et les petits déjeuners sans glisser dans les dérapages. Les plus expérimentées percevant la quadrature du cercle ont vite tiré la conclusion que de l'aide était nécessaire. Le téléphone s'est allumé, l'aide soignante a simplement dit " c'est showtime, il faut que tu viennes" et la copine, tirée de son sommeil s'est pointée une demie heure après, sans râler ni aller d'un commentaire. Et là je dis "great". Chapeau. Depuis quinze jours, je vois ces femmes travailler dans des situations souvent compliquées, éprouvantes nerveusement et donc physiquement, avec des horaires qui imposent à leur vie personnelle, une grande souplesse d'adaptation . Elles ne s'économisent pas et elles sont aussi capables de répondre "présentes" sur un simple appel par ce qu'elles savent que ce n'est pas un appel simple.
Avec ce genre de personnes, j'aurai toujours plaisir à travailler.

article du figaro


  • 80 % des établissements de santé contrôlés ont de bonnes performances. Mais il reste des points noirs.

    La lutte contre les maladies nosocomiales s'est améliorée, selon le classement publié mercredi par le ministère de la Santé et réalisé sur la quasi-totalité des 2 800 établissements de soins de notre pays. Cependant, «ces résultats sont encore perfectibles», a estimé mercredi Roselyne Bachelot, le ministre de la Santé, en commentant ces chiffres. Ce classement a été rendu public mercredi soir sur le site Internet du ministère. Les établissements sont tenus de communiquer leur notation en interne et aux représentants des usagers. Public, ce classement permet des comparaisons.

    Rançon du progrès médical, les maladies infectieuses contractées à l'hôpital ont augmenté avec la multiplication des actes «invasifs» : sondes urinaires ou trachéales, pose de cathéters, etc. Avec 4,97 % de patients touchés par une infection nosocomiale, ces résultats sont parmi les meilleurs en Europe où les pourcentages se situent entre 4,9 et 8,5 %.

    Le panel des établissements contrôlés est très large : il va des centres hospitaliers universitaires aux hôpitaux locaux, en passant par les cliniques privées, les centres de dialyse ou les centres de lutte contre le cancer. Près de 80 % de ces établissements ont de bonnes voire de très bonnes notes. Ils sont classés A ou B (sur un tableau qui va de A à F) selon «l'indice ICALIN» (indicateur composite d'activités de lutte contre les infections nosocomiales). Un sigle un brin abscons qui reflète le niveau d'engagement de l'établissement de santé dans sa lutte contre ces infections (1). Seuls 1 % figurent en bas de tableau.

    Concernant la surveillance des infections après une intervention chirurgicale, la situation s'est améliorée : 72 % des établissements l'ont mise en place. «Mais les résultats sont encore en deçà de l'objectif de 75 % fixé par le plan 2005-2008», a déclaré la ministre, ajoutant qu'«elle va pénaliser ceux qui ne l'effectuent pas».

    «Chacun l'a bien compris, le présupposé essentiel de la confiance qu'il convient de préserver, c'est la sécurité», a insisté Roselyne Bachelot. À cet égard, les infections nosocomiales ostéo-articulaires complexes, qui recouvrent des infections sur prothèse ou sur matériel d'ostéosynthèse et les infections post-traumatiques, suscitent une inquiétude particulière en raison des séquelles induites. 2 000 à 2 500 cas sont relevés chaque année. La moitié d'entre eux sont obligés d'arrêter définitivement leur activité professionnelle à la suite d'une infection profonde. L'autre moitié est obligée de s'arrêter de travailler deux ans en moyenne. Pour garantir une expertise et une prise en charge de qualité de ces infections ostéo-articulaires, dix centres vont être créés et répartis sur le territoire. Pour un budget total d'1,5 million d'euros.

    Journée de sensibilisation

    Pour la première fois, un nouvel indicateur rend compte de l'implication des établissements en matière de bon usage des antibiotiques. Ce point est particulièrement importa nt. Car la lutte contre ces infections doit tendre à ce que les bactéries responsables ne soient pas multirésistantes aux antibiotiques (comme par exemple certains staphylocoques dorés).

    Enfin, Mme Bachelot insiste tout particulièrement sur l'hygiène des mains, qui doit constituer une règle d'or de la pratique soignante en milieu hospitalier. Mais, pour l'instant, l'utilisation de solutions hydro-alcooliques, destinées à améliorer l'hygiène des mains, est encore trop peu répandue. Seuls 12 % des établissements sont classés A ou B sur ce critère. Une journée de sensibilisation à ce propos aura lieu le 23 mai prochain.

    (1) www.icalin.sante.gouv.fr et au 0820 03 33 33, pour répondre aux demandes d'information des usagers.

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vendredi 18 janvier 2008

JEAN BAPTISTE



Jean Baptiste s'est donné la mort. Je ne le connaissais pas suffisamment pour parler de lui. Nous nous croisions dans l'espace de cette formation d'aides soignants échangeant des regards dans une économie de mots. Il devait avoir la moitié de mon âge, un visage à la "Nicolas Cage" & une chevelure de guerrier indien. Son corps emmagasinnait un potentiel d'émotions qui lorsqu'il trouvait l'interstice où se faufiler, libérait ses bienfaits.
Mes épaules mémorisent l'empreinte de ses mains dans les séances de travaux pratiques & leur savoir. Ses mains avaient cisellé la pierre avant de s'initier à prendre soin des corps. Elles étaient puissantes et timides.
Cet homme était un être délicat.
Je repasse un diaporama de la première animation dans la maison de retraite de Mougins, il avait apporté des pâtisseries "tunisiennes"pour agrémenter la cérémonie du thé. C'était un être généreux.
Passer à côté de quelqu'un de bien. Cette phrase m'accompagne depuis vendredi soir.
Cette simple phrase qui ne dit pas l'illusion de chercher à faire des miracles ni la propension névrotique à résoudre les problémes d'autrui mais qui pointe une défaillance, un manque de curiosité et plus tristement une faute : de gout.

mercredi 9 janvier 2008

effet-miroir

je dois faire une auto évaluation sur ces quatre premiers mois & je me sens un peu embarrassé.
J’ai commencé cette formation avec un moral d’enfer, chargé à l’EPO : ego plus optimiste.
J’en ai oublié “les fondamentaux” le travail de soute, au quotidien d’où un retard abyssal au premier rendez-vous d’un contrôle des connaissances.
Sans omettre un premier stage où j’ai soigneusement gâché l’attention & les conseils généreusement prodigués. Pourtant ma bonne volonté & cette motivation acquise en moins de quatre mois d’une activité non feinte en maison de retraite & auprès d’enfants polyhandicapés étaient (d’après moi) prometteuses.
Las, je n’ai retenu que ces réflexes de “bricolage” où l’on se sert de ses deux mains pour coller une protection sans trop s’interroger sur la personne qui s’en remet à vous dans des moments certainement humiliants. Et je n'aborde pas les questions d'hygiéne si évidentes & complétement évacuées.
Au quatrième mois je commence à piger que ce métier est aux antipodes de cette caricature.
Vous vous dîtes à cet instant soit ce mec n’est pas une lumière (qui qui dit çà) soit il est bloqué ou pas fait pour le job? Maintenons le suspens.
J’avoue quand même quelque chose. Je suis atteint du syndrôme du gentil garçon, celui qui enfant descendait des trottoirs quand une “mémé” un peu imposante, un peu brinqueballante s’avançait ou répond présent à toutes les galères qui se présentent par cet excés d’empathie pathétique qui ferait dire au premier “psy” attentif : “ce gars-là “ cherche à être membre du club, de n'importe quel club.
Imaginez un ramasseur de balles à Roland - Garros par exemple qui se précipiterait sur l’objet volant identifié avant même qu’il ne touche le sol pour le remettre en main propre au federer du fond du cour.
Vous me direz que la métaphore pêche par ce que le federer, il est loin d’être manchot & que chopper une balle qui fuse à 200 kms/h faut être cinglé. Mais l’idée de se substituer ainsi à quelqu’un plutôt que de l’inciter, l’accompagner à accomplir une action autonome relève du non-sens.

Ainsi étais-je?
Plus j’apprends tout ce qui tourne autour du corps & les mots pour le dire, plus je me dis qu’une partie de cet enseignement pourrait être au programme des écoles de France pour préparer des citoyens plus subtils, plus sensibles à eux-mêmes & à autrui plus instruits sur ces causes nationales que sont “les choses de la santé”.
Quand je vois des glandus, cigarette au bec disserter sur la “liberté” (la leur) en danger, j’hallucine : à jeun. Les cigarettiers doivent se frotter les mains & les maffieux de tous bords sniffer la bonne affaire, le bizzness a encore de beaux jours.
La liberté mérite une autre réflexion que celle de pseudos hédonistes camés à des produits & dans leur dépendance. Mais je m’emporte!

Ce qui est marrant d’ailleurs reste la vérification de ces proverbes “de grand-mère” style : “les cordonniers sont les plus mal chaussés (à peu près) & les volutes qui montent lors de nos temps de pause attestant combien chez les “pros de la santé” en griller une petite reste encore : une respiration.
Bon à ce jour, je suis loin d’être un bon!
Je suis comme toujours devant l’épreuve de l’étude à tourner autour au lieu de m’organiser, de planifier simplement l’acquisition de ce b.a ba. Je ne vous dis pas la somme de travail que se coltine les étudiantes-s infirmiers, les voir marner m’aide comme ces voitures qui cherchent l’aspiration. Je vais encore zigzaguer qqs jours mais je n’ai nullement envie de me planter avant d’aborder la ”ligne droite des Hunaudières”
A CIAO






vendredi 4 janvier 2008

BRÉVES : SITE INTERNET

Les franchises médicales débarquent aujourd’hui. Pour la première fois une brèche a été plantée dans la solidarité qui faisait que les non-malades payaient pour les malades.
ÉRIC FAVEREAU
QUOTIDIEN : mardi 1 janvier 2008

mardi 1 janvier 2008

"je ne pense pas donc je suis"

presque un AS.
Autre facette de ce métier, ne pas être fixé dans sa subjectivité devant un patient. S"en tenir à l'observation. Dans mon expression orale, j'ai des ritournelles qui montrent encore bien combien je verse encore dans la confusion. J'ai beau avoir recensé les données d'un dossier de patient, tous ces éléments qui permettent de se repérer pour l'accompagnement qui s'en suivra, arrive la locution de trop : "je pense que". Et là le visage de la cadre infirmière dessine un large sourire, sorte de flash immédiat devant le franchissement de "cette ligne jaune". J'ai beau tenté de rebobiner le film, le "je pense que" s'avère une sorte de glissement entre les faits, le constaté & l'ébauche de : l'interprétation.
Durant l'entretien, mon esprit engoncé dans son mécanisme s'est mis à fredonner un nouveau gimmick : "je ne pense pas donc je suis" mais les dérapages se sont reproduits. Ma formatrice alignait les pénalités en forme de sac de papillottes mais c'est moi qui était chocolat!