lundi 7 avril 2008

7 avril

je me découvre d'un feel

samedi 5 avril 2008

mercredi 2 avril 2008

De la mort. et de l'inconscient



Nous abordons en ce moment des cours autour de "la mort".
La mort à travers les âges, les civilisations, les religions, fondu enchainé pour vous ramener dans le couloir du service, la chambre, le lit où nous aurons à nous tenir face à cet être glissant dans un autre temps.
Maintenant que je connais un peu mieux les "formatrices", mon écoute tamise entre le flot des données générales et la part singulière qui va être offerte. Ce n'est pas forcément de l'anecdotique, "du vécu" comme l'on dit. C'est toujours un peu comme dans une thérapie, : une dimension que l'on devinait et que vous entendez, verbalisée : soudain dévoilée.
Je pensais à une femme de l'âge de ma mère qui venait de s'éteindre dans un service. Croisée dans son quotidien golgotha, promise aux cinq stations. Je pensais à son entourage si présent dans ce long moment. Elle avait un cancer du pancréas et je surveillais la couleur de sa peau lors de chaque toilette tandis que nous échangions des souvenirs italiens, elle, d'ÉMILIE, moi, du Pièmont. Je pensais à ce qu'avaient été les derniers moments de mon père et je voyais cette femme, presque sereine et informée de son état et j'essayais d'effacer l'expérience antérieure pour être dans ce temps, présent. La voix off de la formatrice me tira de ce souvenir, je ne retins pas la phrase entiére mais l'idée s'ancra dans mon esprit : "ne pas projeter le film avant qu'il ne se déroule, chaque synopsis est différent". L'éclairage irradia l'ultime flash back.
Au soir tandis que des collègues s'affairaient à la toilette mortuaire, je proposais à ses proches un café dans la cuisine du service. Ils acceptérent, ainsi commença leur veillée funébre.
Ce soir, en relisant mes notes, je me suis mis à feuilleter un petit essai de Carl Gustav Jung : "Essai d'exploration de l'inconscient". Quand il s'agit de la mort, la dimension irrationnelle n'est jamais très loin. Notre besoin de rationnaliser nous fait souvent des pieds de nez et l'inconscient dans tout cela?

mardi 1 avril 2008

les dits de Sibony

Euthanasie

La femme[1] qui a demandé à la justice d'autoriser son médecin à la faire mourir a posé un acte singulier dont l'intérêt dépasse la gestion juridique des fins de vie.

Cette femme a subi l'attaque d'une maladie incurable, invivable, qui aussi la défigure c'est-à-dire lui fait vivre un effondrement narcissique; on se reconnaît à son visage, et le sien lui imposait de se voir devenir autre, complètement autre; de ne plus pouvoir se reconnaître. C'est un malheur de plus, qui s'ajoutait à celui d'une mort imminente.

Or elle avait une certaine motilité, donc elle pouvait, comme d'autres, mettre fin à ses jours par une surdose de somnifères. Ce n'est donc pas l'acte de mourir qui lui faisait problème. Elle voulait autre chose. Peut-être voulait-elle que l'instance de la loi reconnût sa souffrance et lui dît une parole de consolation: oui, tu souffres trop, c'est inhumain, on comprend que la médecine t'aide à en finir, on ne dira rien au médecin, ta souffrance est plus forte que la loi qui l'empêche d'agir, etc.

Mais la justice, la pauvre justice réduite à gérer les affaires courantes et à pointer les règlements, pas si simples à appliquer, n'a pas l'habitude de symboliser une souffrance, de faire des actes consolateurs. Elle qui peut laisser traîner un procès plus de dix ans et infliger la souffrance de l'attente à des gens qui "meurent" d'injustice, et qui attendent en vain - elle ne pouvait que renvoyer au règlement. Ce qu'elle a fait.

Ceux qui demandent à la loi d'autoriser formellement l'euthanasie disent surtout leur angoisse de décider eux-mêmes de leur mort. Ils demandent que la loi les protège, les prenne sous son aile. C'est une demande émouvante, audible, mais pas facile à industrialiser. La traiter au cas par cas n'est pas si bête.

Vouloir faire de cette demande une loi, cela séduit les esprits simples, mais ce n'est pas sans problèmes. D'abord cela supprimera les "demandes" puisque la chose se fera automatiquement; alors que cette femme a eu tout de même la compassion d'un pays entier.

Sans parler des effets pervers de la loi, où l'on tuera à tour de bras en se sentant "couvert". Il est vrai que ces effets pervers existent déjà, même sans la loi…, et qu'il y a des services où l'on nettoie sans état d'âme.