mercredi 26 décembre 2007

STAGE NUMÉRO DEUX

La jeune femme qui m’écrivait de Cordoba me questionnant sur ce que je cherchais dans ce métier & si finalement ce n’était pas moi qui était aidé, flirtait avec la réalité.
En clôturant ce deuxième stage en gériatrie s’est glissé un début de réponse. Il faut dire que l’activité a un effet loupe. Les corps sont au plus prés, les visages aussi. L’effet loupe sur l’humain. L’effet questionnant, l’effet miroir.
Mon propos n’est pas d’aborder la souffrance, la solitude, ces moments fin de vie. Mes propos ne sont pas de m’étendre sur l’empathie, la compassion.
J’ai donc passé 4 semaines auprès de personnes de plus de 80 ans, tentant d’améliorer ma compréhension, mon attention. Tentant d’être suffisamment prévenant pour ne pas accroître des difficultés à se mouvoir, à respirer, à vivre ce jour de plus & suffisamment subtil pour enfin percevoir combien aider n’est pas de se substituer à l’autre.
Je suis un garçon ingénu. La clairvoyance n’est pas dans ma gamme perceptive. C’est peut-être ce qui m’a préservé de la folie & de la mort. Ceux-celles surtout qui m’ont approché, connaissent mon tatouage.
Certaines l’ont vu avant que je ne le découvre. Il était sous mon regard & bien sûr si brûlant, si irradiant que.
Jusqu’à ce jour où « mon père » dans un aveu inopiné m’avoue qu’il ne l’était : croyant que je le savais !
Marcel Pagnol aurait trouvé matière à synopsis. Entendre cela dans sa vingt neuvième année vous offre d’étonnants flashes back. Je crois que je devins très cruel. Si des êtres bienveillants ne m’avaient entouré, j’eusses pu devenir un assassin.
L’exil prit soin de moi & m’apprit aussi que je n’étais pas meilleur, blessant, trahissant à mon tour des êtres qui m’aimaient
Je regarde les gens dans les yeux. Dans leurs yeux, je cherche ce qui me préoccupe, ce qui est pour moi : mystére. Je cherche leurs peurs & mes peurs, je cherche aussi ces moments sans masque. Rémission partagée. Dans ce prisme du regard, les corps prennent une autre mesure, une autre densité & convoquent attention & respect.
Pendant ces quatre semaines, j’ai croisé des personnes parfois perdues. Dans ces défaillances de la mémoire qui ouvrent sur des états si insécures. Ces épreuves me laissent sans voie, demeure un incessant questionnement sur ces étapes de la vie.
Ce vendredi 21 décembre 2008, j’ai serré « ma mére » dans mes bras, sans effort, simplement. C’était la première fois !

jeudi 20 décembre 2007

UNE AUTRE VOIX

Paru dans LE MONDE DES LIVRES du 30.11.2007:

ce compte-rendu du livre de Daniel Sibony:

L'enjeu d'exister-Analyse des thérapies

Seuil, sept. 2007, 394p, 22,50€

"Avec L'Enjeu d'exister, Daniel Sibony analyse les thérapies (systémiques, cognitives, comportementales...) dont le développement est ordinairement posé comme une mise en défaut de l'approche psychanalytique. Il met en évidence que toutes, "qu'elles le sachent ou non", s'agrègent autour de l'idée d'inconscient. Et révèlent ainsi une forme de filiation aux concepts de Freud. "En un sens, reconnaître leurs origines freudiennes les aiderait à s'en libérer ; à s'en servir plus librement", explique-t-il.

Argumenter et assumer sa différence, baliser son cheminement... Cet essai se trouve dans la continuité de la réflexion que Sibony posait déjà il y a une quinzaine d'années dans Le Peuple "psy" (Balland, 1993, "Points", 2007), où il s'efforçait à un état des lieux. Il donne ici un regard, un point de vue sur l'acte thérapeutique abordé dans des pratiques différentes : mêlant compréhension attentive et vision critique (en premier lieu sur sa propre discipline), il ouvre des chemins vers les devenirs de la psychanalyse, la regardant, active, comme étant avant tout une transmission de vie, "une passation d'être"."

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Voici l'enregistrement de l'interview donnée par D. Sibony à ce journal (en vue de l'article ci-dessus)[1].

- … …

- D.S.: Cette couverture du livre représente une sculpture, une "échelle de Jacob". Je l'ai trouvée intelligente car plutôt que de partir de la terre pour arriver au ciel, comme dans la Bible, l'échelle part on ne sait pas d'où, elle arrive on ne sait où, mais à chaque pas, on a la terre à droite et le ciel à gauche; ou l'inverse. On est toujours entre ciel et terre. C'est une position essentielle, plus simple et plus concrète que de partir de la terre pour "monter au ciel".

-

- Cet Enjeu d'exister fait un peu suite au livre paru il y a quinze ans, Le peuple "psy" qui faisait un "état des lieux" mais qui aussi secouait la conception officielle (y compris lacanienne) de la psychanalyse, conception qui au fil du temps la rend suspecte à juste titre. En fait, comme au judo, je vais dans le sens des critiques pour, en les prolongeant, les ramener à leur source freudienne qu'elles dénient ou qu'elles ignorent. Cette ignorance me semble un symptôme, donc je ne la dénonce pas, je l'analyse en montrant qu'elle rabat les thérapies en question sur ce que j'appelle un transfert ponctuel. Cette notion permet d'éclairer toutes les pratiques où il y a de la suggestion. Dans l'analyse aussi, il y en a, et je montre qu'elle a un rôle et qu'il est vain de la nier. L'analyste suggère mais il n'est pas dans la suggestion. Quant au rejet de la source freudienne, je le rattache à une notion que j'ai créée il y a longtemps, le complexe du Second-premier qui, selon moi, offre un cadre plus large que celui du complexe d'Oedipe. L'effet de Second-premier existe dans toute histoire de transmission, notamment de savoir, donc dans toute mise en jeu de l'inconscient. Car l'inconscient, à la limite, je le définis comme effet et cause de transmission: pensez à des parents qui ont un fantasme conscient, précis et intense, dont rien n'est dit à leur enfant; il y a tout chance que celui-ci, une fois grand, présente des traces de ce fantasme, des traces dont il est inconscient. Autrement dit, du conscient enrobé de silence et passé par la génération, par le rapport sexuel qui engendre un nouvel être, cela produit de l'inconscient. C'est une vue un peu massive mais éclairante.

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- Ce livre n'est pas un état des lieux, j'y fais une vraie analyse des thérapies, comme le sous-titre l'indique. Plutôt que de les opposer à la psychanalyse, j'accepte qu'elles veuillent s'en passer, mais l'analyse revient sur elles d'un point de vue nouveau, qui privilégie l'enjeu d'exister plutôt que les diverses conformités conceptuelles.

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- Leur façon de refuser leur origine freudienne, ces thérapies la paient cher. Si elles reconnaissaient plus franchement cette origine, elles seraient plus libres vis-à-vis d'elle; et leur apport serait plus fécond. C'est comme dans la relation duelle parent-enfant: si le parent est en position symétrique, non seulement il se nuit mais il nuit à l'enfant; s'il est en position de reconnaissance, il peut bouleverser toute la scène et transmettre un partage.

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- Je n'ai pas pris ces thérapies "de front", mais je ne les "suis" pas pour autant. Pour comprendre les gens, il faut être à côté d'eux plutôt qu'en face, et ménager un entre-deux. J'ai compris que ces thérapeutes, en un sens, se sont offerts (ou sacrifiés) à une demande sociale qu'ils ont eux-mêmes entretenue, une demande d'aller vite, de ne pas souffrir, etc… Toutes ces demandes issues de techniques comportementales sont venues en retour renforcer ces techniques et couper court à une recherche du lieu d'être et d'existence. Or beaucoup de patients viennent avec une demande sur le comportement, et quand l'espace de la rencontre se construit, cette demande se module en recherche d'existence.

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- Je n'ai pas pensé "répondre" au Livre noir. Au fil de ma trentaine de livres, j'avais des textes cliniques inédits pour témoigner de ma pratique. Ce témoignage occupe le tiers central de ce livre, avec l'enjeu d'exister et la passation d'être, comme concepts majeurs. La réponse au Livre noir s'est réduite à un dialogue sur "les TCC comme cas limite de l'analyse"; je dirais presque: état-limite de l'analyse. En fait, mon livre peut les aider à mieux voir dans quel cadre ils travaillent.

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- Pourquoi cette tolérance? Sans doute parce que je suis assez libre; je reçois les uns et les autres; ma position est radicale, exposée, mais je n'ai pas à me protéger ou à me soucier de mieux vivre: c'est mon travail créatif, dans l'écriture et l'analyse, qui doit être vivant. Cette position d'indépendance, est la mienne et je lui donne une certaine consistance. Qu'elle soit originale et productive, l'existence de cette œuvre permet de s'en rendre compte. Comme analyste libre, et non électron libre, je suis dans une transmission et non dans un touillage solitaire du savoir qui fait "langue de bois" dans bien des groupes.

Or bizarrement, ma démarche dans ce livre restitue à chaque thérapie son "génie" propre, c'est-à-dire son ancrage dans l'inconscient. Et de les analyser en ces termes permet, en retour, de voir la psychanalyse sous un angle plus vif, que j'appelle passation d'être et qui vise l'essentiel, à savoir l'enjeu d'exister. Ce ne sont pas ces thérapies qui "enrichissent" l'analyse, c'est de les aborder sous cet angle qui à la fois les reconnaît dans leurs limites et permet de faire bouger celles de l'analyse, de "l'idée psy".

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- Quel est mon foyer? Je suis un foyer, qui est resté "enflammé" sans se consumer. Jusqu'à présent mon œuvre est assez éclairante, elle aide pas mal de monde à vivre et à penser. Elle n'est pas très médiatisée, mais j'ai de nombreux témoignages du fait qu'elle "existe" pour beaucoup.

Tenez, sur le Proche-Orient, ces jours-ci, on me remercie d'avoir écrit Les trois monothéismes, et Psychanalyse d'un conflit.

Bien sûr, ce serait sympathique de discuter avec les porte-paroles de ces courants thérapeutiques, mais c'est eux qui n'y sont pas prêts: je n'ai pas d'enjeu "politique", j'ai celui d'exister et de faire exister une pensée.

Peut-être que ce que j'aime, au-delà de la psychanalyse, c'est de faire exister des idées neuves, même de simples étincelles. Le fait est que ça aide, ça éclaire les gens. Ce n'est pas pour rien que j'ai commencé par la recherche mathématique; j'aime quand il surgit du nouveau. C'est normal que les médias n'aient pas de quoi le capter, mais il existe; et il aide à comprendre beaucoup de choses. Par exemple, de mieux comprendre ces thérapies permet de désamorcer leur fureur contre Freud et l'analyse. Cela aussi je le transmets aux patients: apprendre à désamorcer les obstacles qu'ils dressent contre eux-mêmes. L'important est de produire dans ce travail une texture d'existence qui soit forte et en mouvement… Soit dit en passant, j'ai croisé la pensée de Sartre sur l'existence (qui précède l'essence) et j'ai dû m'en démarquer, vous avez pu voir comment…

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- Les TCC sont des méchants? Vous savez, quand on se fixe sur le projet de créer des œuvres qui vivent et qui transmettent de la vie, on n'est pas très sensible à la méchanceté ambiante. Bref, la prendre pour objet d'étude est une bonne protection. Outre que j'en ai vu d'autres: par exemple: votre journaliste qui s'occupe de "psy" et qui n'a pas dit un mot de mes livres depuis vingt cinq ans que j'en envoie? Et tel chef de secte lacanienne qui interdisait mes livres dans son Ecole? Des méchants et des mesquins, il y en a partout, mais je m'en sers pour affiner mes vues sur, par exemple, la perversion. Je vous recommande mon livre là-dessus qui, déjà il y a quinze ans, analysait le terrorisme comme perversion. Certains découvrent cela aujourd'hui. Le silence des médias sur mes livres les protège en un sens, et fait que beaucoup les découvriront peu à peu. C'est comme tel un travail de création de pensée, de passation d'être… Ça vous fixe des idées, en vous montrant aussi le danger des bonnes idées: le risque de s'y noyer comme une mouche dans le miel.

Au fond, cette grosse vulgarisation de l'idée "psy", on peut la déplorer lorsqu'on a des fantasmes de maîtrise, de contrôle. Mais si on les a traversées, on peut voir que cette énorme imprégnation de la société par l'apport freudien impose à ceux qui ne sont pas trop vulgaire une exigence plus aiguë: être au-delà des petites dissensions, voir plus loin; en l'occurrence, plus loin que les livres noirs ou anti-noirs.

Curieusement, j'ai fait le même travail sur les religions, et le résultat est tout sauf "œcuménique"; inintégrable dans les prétendus sur ces thèmes, dialogues où le côté patelin cache des violences meurtrières. Mon travail n'est pas œcuménique: pour que tous ces gens s'entendent, il faudrait que chaque courant se confronte à sa faille, ses origines, reconnaisse sa déficience par rapport à elles, et voie ce qu'il peut faire de cette faille irréductible. Il n'y a pas d'universalisme globalisant; ou alors, s'il fait le vide des écueils et des cassures irréductibles, il produit une enveloppe dérisoire ou totalitaire de l'humanité, et ce au nom de l'"humain". C'est vers cela qu'on s'achemine. Mon travail est une objection vivante à cette approche banale, selon laquelle, en gros, on fait tous "la même chose". En l'occurrence, l'acte symbolique que nous essayons de transmettre, ce n'est pas des mots, des signifiants, ou des "rappels de la loi"; ce n'est pas la réduction à tel ou tel schéma conceptuel. C'est autre chose. Ce livre vous en donne une idée.

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Note. De toutes façons, il faut féliciter le journal Le Monde de signaler les œuvres de D. Sibony. Il les reçoit depuis une trentaine d'années à raison d'un livre par an et n'en dit mot sauf, récemment, pour Lectures bibliques (5 lignes) et pour Création. Essai sur l'art contemporain (4 lignes). On est en pleine ouverture. Bravo.


[1] . Les questions, très brèves, sont inaudibles à l'enregistrement. Les réponses ont pu être transcrites, et sont ici résumées.

samedi 15 décembre 2007

"humanitude"


Les liens d'humanitude,
Ou de l'art d'être ensemble
jusqu'au bout de la vie

Un homme sans mémoire est comme un arbre sans racine ...

François ne parle plus. François ne bouge plus. Il ne s'exprime plus, se contente de gémir en permanence, rendant tout le monde mal à l'aise, enfermant les soignants dans un silence protecteur, et des gestes de soin mécaniques.

François ne semble plus là, certains le qualifient même de légume.

"Si ce pas triste d'être comme cela, il faudrait qu'il meure, la vie comme cela n'a pas de sens..."

Ces paroles terribles, on les entend souvent, venant de familles, bien sur, mais aussi de soignants, de médecins, ou d'autres professionnels.

Ce n'est pas le constat de la paralysie, de la simple dégradation physique qui pousse certains à s'exprimer ainsi.

Mais simplement le fait que la communication ne semble plus exister.

L'être humain est un être de communication.

Dès sa naissance, il est plongé dans un bain communicant, il ne peut se développer en dehors de ces stimulations.

Dans la philosophie de l'humanitude, nous définissons le soignant comme un professionnel qui prend soin d'une personne qui a des problèmes de santé.

La question fondamentale qui se pose est qu'est ce qu'une personne ?

L'homme est un animal, un mammifère supérieur. Mais celui qui prend soin d'un animal est un vétérinaire. Et c'est vrai que l'on rencontre parfois des soignants qui ne sont que des vétérinaires d'humains.

Pour être soignant, il faut prendre en compte autre chose que la simple partie animal de l'homme.

L'ensemble des particularités qui permettent à un homme de se reconnaître dans son espèce, nous l'avons appelé l'humanitude, en reprenant le terme de Freddy Klopfenstein (Humanitude, essai, Genève, Ed. Labor et Fides, 1980.).

Être soignant, s'est s'occuper de l'humanitude.

Un des éléments fondamentaux de l'humanitude est la communication.

Lorsqu'un enfant arrive au monde, il n'est pas encore en humanitude, et sa mère, son père, les humains qui l'entourent vont l'y faire rentrer. Comme une brebis lèche l'agneau, afin qu'il se reconnaisse dans son espèce, qu'il trouve la mamelle, la protection du troupeau, et qu'il puisse vivre parmi les siens, l'être humain a besoin d'un "léchage" pour vivre.

Ce "léchage" subtil est basé sur les trois piliers de communication, regard, parole et toucher.

Sans ce léchage, cette mise en humanitude, l'enfant meure ou s'enfonce dans l'arriération.

Ce syndrome de Spitz, ou Syndrome d'hospitalisme est bien connu :

"Dans le cas d'une carence totale en affects, si la séparation a été plus précoce et si la restitution à la mère n'intervient pas, les stades du syndrome partiel évoluent en un retard moteur grave, en un état de "marasme" qui évoque le tableau clinique de l'encéphalopathie ou de l'arriération, état qui peut être irréversible et même conduire à la mort." (source universalis).

Mais ce qui est naturel en communication avec des nouveau-nés, amené par les millénaires d'évolution de notre espèce, peut complètement disparaître dans l'accompagnement des fins de vie des patients non communicants.

Posez un nouveau né sur une table, et regardez comme toute personne qui passe va le regarder, lui parler, le toucher, s'attendrir.

Imaginez la même scène avec un patient non communicant, assis dans un fauteuil gériatrique dans un long séjour par exemple... Et risquez de ne voir personne aller spontanément vers ces grands dépendants.

Mais si l'homme ne peut vivre sans communication dès la naissance, de même il ne peut vivre sans elle lorsque que la maladie l'affaiblit.

En 1983, nous avons posé, avec l'accord d'équipe de soins remarquables, des magnétophones à déclenchement vocal dans les chambres des patients grabataires de centres de long séjour. L'idée était simplement de mesurer les temps de communication verbale directe que reçoit un patient non communicant par 24 heures.

Les résultats furent consternants : moins de 120 secondes par 24 heures ! Et cela en tenant compte du fait que les équipes qui sont prêtes à laisser faire ces mesures ont certainement un niveau de fonctionnement, d'ouverture, supérieur à la moyenne. Certains patients recevaient moins de 10 mots dans la même période.

Ne pouvant mettre en doute le coeur de ces soignants, leur désir de bien faire, nous devons comprendre qu'il est naturel de se taire avec ce type de patients. Mais si l'on estime que deux minutes par 24 heures sont insuffisantes, il nous faut donc professionnaliser la communication, mettre au point de techniques, les apprendre, les fixer.

Voyons grâce à quels canaux l'enfant est mis en humanitude :

Le regard, d'abord, est le premier canal de mise en humanitude. Lorsque que l'on s'approche d'un enfant, les regards posés sur lui portent des valeurs, des sentiments, et répondent à des critères bien précis :

Les qualités de ces regards sont l'amour, la tendresse, la fierté, la protection, l'appartenance, la reconnaissance...

Sur le plan de la "technique", le regard répond à 3 critères, il est axial, horizontal, et surtout il dure dans le temps, il est long.

On voit bien que ces qualités vont accompagner le regard humain dans la construction des relations tout au long de la vie. Si l'on décrit l'amour au travers de regard long, profond, intense, les défauts relationnels sont aussi bien identifiés dans le regard fuyant (évitement), regard de haut (mépris), de travers (rejet) etc.

Pour un patient, comment vivre quand on n'est pas regardé ?

Mais pour un soignant, un accompagnant, comment regarder la mort en face, l'agression sereinement, l'extrême vieillesse, image de ce que nous serons peut-être, dans les yeux ?

Avec les patients très atteints, très souffrants, mourants, déments agressifs... la réaction naturelle, simplement humaine, est de ne pas regarder. Nous avons filmé des toilettes de 20 minutes où pas un seul regard ne rencontrait les yeux du patient.

C'est pour cela qu'il faut professionnaliser l'approche relationnelle, et "apprendre" à regarder. Qui sait aujourd'hui, parmi les soignants, que 60 % des patients atteints de la maladie d'Alzheimer ne verront plus sur les cotés, mais auront une vision en tunnel ? Savoir cela oblige à modifier notre approche, pour arriver de face, par le pied de lit et non du côté des barrières de lit, à se rapprocher, se mettre à niveau, et surtout nous oblige à prolonger les regards.

Posons nous la question simplement. Si l'on n'a pas réfléchi au regard, appris à regarder, comment regarde t-on ? Naturellement, bien sûr. Et comment regarde t-on naturellement un patient qui nous crache à la figure, qui nous pince, qui hurle, ou qui semble ne plus être là ? Comment regarde t-on naturellement quelqu'un de très lourd, avec qui l'on sait que l'on aura des difficultés de mobilisation ? Et quelqu'un qui baigne dans ses selles ? Comment regarde t-on naturellement le 20 éme patient de la matinée ?

Il nous est facile d'imaginer, comme nous le constatons tous les jours, l'incroyable absence de regard "d'humanitude" pour les patients les plus dépendants, les plus démunis. Tout simplement parce qu'il est naturel de ne pas regarder la souffrance, pour ne pas être en face de nos propres peurs. Alors, ceux qui ont le plus besoin de nos regards sont les moins regardés...

La parole : Si le regard débute la relation d'humanitude, la parole l'accompagne immédiatement. La parole est constituée par 2 éléments, le ton et les mots.

Le ton est mélodieux, presque musical (berceuses), et doux. Le cerveau du bébé est programmé à se reconnaître cette tonalité : si l'on s'adresse à un nouveau-né en criant, il se met à pleurer, tandis que la berceuse le rassure. Le ton est accompagné de mots tendres, évoquant l'amour, la douceur, l'aide.

Rappelons simplement les 120 secondes de communications verbales soignant- patient par 24 heures en moyenne, pour les patients non communicants.

Si cela est choquant, c'est cependant normal, car la communication humaine obéit à certaines règles.

L'émetteur (ici le soignant), envoie un message verbal (par exemple bonjour), vers un récepteur, le patient. Mais en même temps, l'émetteur attend une réponse, en temps réel, pour continuer sa conversation. Ce retour, le "feed-back", c'est à dire "nourrir en retour", est la source de l'énergie de communication.

Pour continuer une communication, il est donc normal, naturel d'attendre une réponse. La plupart du temps, la réponse est non verbale, c'est-à-dire une mimique, une simple expression de compréhension. Dans une communication entre un patient et le soignant, ces communications non-verbales représentent plus de 80 % du total des communications. Si le patient est incapable d'envoyer un feed-back, une réponse verbale ou non verbale, ou si la réponse est incohérente, non signifiante par rapport au message émis, alors très rapidement la communication verbale du soignant s'arrête.

Il faut bien comprendre que personne n'y échappe. Que le silence des soignants n'a rien à voir avec un manque de coeur, d'intérêt. Souvent, nous formons des psychologues, des cadres infirmiers ou enseignants. Dès que l'on parle de communication, ils nous approuvent fermement. Mais en situation réelle de soin, lorsque qu'il s'agit de prendre en compte un patient grabataire sans communication, ils se retrouvent aussi démunis que les autres soignants. Car l'intention ne suffit pas. Et s'ils ne semblent pas convaincus, s'ils restent persuadés qu'ils parlent, eux, nous plaçons alors un observateur silencieux au cours d'une toilette, avec comme consigne de compter les mots que l'acteur de la toilette va dire. Il est rare de dépasser 10 mots en 5 minutes, si nous avons bien choisi le patient !

Il ne faut surtout pas culpabiliser, car ce silence est, répétons le, naturel, normal dans ces cas.

Mais comment accepter ce silence, comment supposer qu'il puisse s'inscrire dans une démarche d'aide ?

Si le silence est naturel, la parole, elle, est professionnelle. Elle s'apprend, elle se travaille, elle s'entraîne.

Pour cela, nous avons mis au point une méthode de communication : L'auto-feedback

Dans une chanson, la musique est liée à la parole. Sifflez l'air, les paroles vous viennent en tête, dites le texte, la musique resurgit.

Dans l'acte de soin, la musique est en fait représentée par les gestes des soignants.

Avec ces patients "acommunicatifs", nous avons fait le choix d'entraîner nos stagiaires et nous-mêmes à décrire tous nos gestes. C'est ainsi que nous aurons des conversations de ce type : Madame, je vais vous laver le bras (prédictif). Je vous soulève le bras, c'est le bras gauche, je vous savonne le dessus de la main, la paume, je vous lave l'avant-bras, je vous le lève etc (descriptif)...

Cela paraît simple, mais cela nécessite un véritable entraînement. Si l'on rencontre souvent le prédictif, le descriptif n'est jamais réalisé naturellement. En décrivant ainsi les actes, la parole peut devenir automatique. En liant les mots aux perceptions du patient, le soignant fait aussi une véritable rééducation du schéma corporel.

En travaillant ainsi nous pouvons multiplier le temps de communication verbale par 7 ou 8. Cela suffit souvent à permettre au patient de ne pas s'enfoncer dans un syndrome d'immobilisme toujours iatrogène, c'est-à-dire fabriqué par l'institution. (Rappelons que ce syndrome conduit le patient âgé à la grabatisation, avec blocage des articulations et plaintes continuelles ou mutisme. Il représente en fait pour nous une sorte de suicide à petit feu pour cause de malheur immense, de rejet hors de l'humanitude.)

Bien sûr, dès que le patient est capable de réponses, l'auto-feedback devient obsolète.

Ce qu'il y a de remarquable, lorsque l'on utilise ces techniques, c'est l'incroyable fréquence des "réveils" de ces patients que l'on dit acognitifs, non communicants ou autre. De même, le taux de comportement "d'agitation pathologique" des patients âgés déments diminue de plus de 80 % ... Et le soin se réalise dans la douceur.

Après avoir regardé et parlé, le toucher vient conclure la mise en relation, ce que nous appelons les "préliminaires au soin".

Chez l'enfant, ce toucher d'humanitude est caractéristique : il est doux, vaste, enveloppant protecteur.

Le toucher est le fondement du soin, il n'y a pas de soin sans toucher, il est communication non-verbale. Ce type de communication est sans doute le plus important. La sécurité des mobilisations, la douceur des manipulations sont indispensables au soignant comme au patient.

Pourtant se pose un double problème pour respecter ces priorités :

1° Le geste est inconscient à 98 %, d'après Laborit. Comment contrôler des gestes inconscients ?

2° Plus un patient est "difficile", il est agressif, souffrant, lourd, plus nos gestes seront inadaptés, violents, en totale contradiction avec ce que nous voulons être, c'est à dire des soignants. Tout cela est bien sûr involontaire, mais répond à des lois de la physique : la force est égale à la moitié de la masse multipliée par le carré de la vitesse, ce qui revient à dire que pour augmenter votre force, la masse étant invariable, vous augmentez la vitesse. Or la vitesse est incompatible avec la douceur. La forme de toilette choisie et les techniques associées doivent donc permettre de favoriser les communications non-verbales les plus riches et les plus douces. Il nous semble maintenant indispensable de former les soignants au toucher-tendresse, voire au toucher-amour.

Dans ce toucher si particulier, la douceur tient le rôle principal. C'est pourquoi nous supprimons les saisies en pince, qui non seulement font mal, provoquent des hématomes sur les avant-bras des patients âgés, et même parfois des plaies ; mais aussi sont très agressives sur le plan psychologique. A t-on jamais vu des amoureux se balader en se tenant par le poignet? Et chaque fois que dans notre vie quelqu'un nous a pris par le poignet, en "pince", cela été pour nous punir.

La mémoire de ces punitions liées aux saisies est profondément inscrite dans notre cerveau limbique, siège de toutes les émotions, de tous les souvenirs liés a un état corporel.

Pour un patient très dégradé sur le plan intellectuel, comme un patient Alzheimer, un dément alcoolique ou autre, qui ne peut savoir qui vous êtes, et que vous venez lui faire du bien, le laver, l'habiller, le seul langage "vrai" est le langage du toucher. Et si par malheur vous lui soulevez le bras en le saisissant en pince, il risque de vous recevoir comme un agresseur.

Encore une fois, il va falloir lutter contre le geste naturel de la pince, propre de la saisie humaine. Pour combattre ces réflexes, et passer à des saisies de soutien, il faut un an au minimum de corrections quotidiennes. Mais le jeu en vaut la chandelle, et les soignants qui y accèdent deviennent les plus doux, les plus demandés par les patients et leurs familles.

Le toucher du soignant doit aussi solliciter l'autorisation corporelle du patient. Normalement, la conscience nous permet d'être prévenu chaque fois que l'on nous touche. Mais imaginez le bond que vous feriez, si dans la rue, un inconnu posait sans vous avertir la main sur vous. C'est pour éviter cette "surprise", que nous préconisons d'entrer sur le corps de l'autre par le bout des doigts, la paume se posant ensuite, et l'inverse pour quitter le corps du patient. Ce toucher très tendre est en lui-même porteur de la douceur, et favorise le lien entre les partenaires du soin.

Là encore, il nécessite un long apprentissage, afin que l'on puisse enfin reconnaître le toucher du soignant comme un véritable geste professionnel à part entière, comme l'est celui du sculpteur, du peintre ou le geste du menuisier.

Yves Lamarre, chercheur en neuro sciences au Québec, vient de mettre en évidence que le toucher de la caresse, qui correspond à notre toucher tendresse, est une réalité neurologique dès le huitième mois de grossesse, et il a identifié les voies nerveuses et les zones du cerveau stimulées.

L'humanitude, ce qui nous lie aux autres humains , est ainsi démontrée pour le toucher et la parole. Le contact est une stimulation sensorielle qui arrive dans des zones émotionnelles du cerveau (les amygdales) avant même d'arriver dans les zones corticales. Et ce qui est extraordinaire, c'est que ces zones émotionnelles du cerveau limbique restent intègres jusqu'à la mort, dans quasiment tous les cas. Ce qui signifie que la preuve est maintenant faite que le "légume" n'existe pas, que même quand le cerveau intellectuel est détruit, quand l'expression n'est plus là, le cerveau émotionnel reste entièrement sensible. Et certains d'affirmer, comme Damasio (*), que "le siège de l'esprit que d'aucuns appellent l'âme" est dans le cerveau émotionnel.

Et surtout, n'oublions pas que nous sommes des manuels. Et que comme tous les manuels, il faut apprendre nos outils.

Notre outil à nous, c'est la main. Il est vrai que si jusqu'à présent les soignants ont appris un certain nombre d'actes, comme la toilette, les pansements ou autres, rares sont ceux qui ont reçu un entraînement spécifique à l'utilisation de leurs mains comme outils de relation au patient. Si professionnellement nous apprenons à ouvrir, par des techniques de préliminaires bien comprises, le tiroir de l'humanitude, celui que nous avons rempli dès la naissance, il est permis de penser que ces liens d'humanitude, tissés par les regards solidaires, la parole douce, le toucher tendresse, permettront d'accompagner avec plus de sérénité les mourants, les patients les plus dépendants, et de recevoir en héritage leur humanitude, dans ce lien profond d'émotion à émotion.

Tout simplement.

* Damasio Antonio R. , L'Erreur de Descartes, la raison des émotions, éd Odile Jacob,199

article reproduit voir lien : titre

jeudi 13 décembre 2007

Merci les souris

Ma greffière est fan de mulots, et comme elle me croit bien trop bête pour savoir chasser, elle ne manque pas de déposer dans la maison une variété de trophées à mon intention : le mulot tronçonné, le mulot estomaqué, le mulot déchiqueté dont il ne reste qu'un bout de queue et d'estomac, le mulot terrifié qui court et couine, qu'il faut saisir au vol d'un impeccable lancer de torchon et rapatrier en sécurité à l'extérieur sous le regard scandalisé de la chasseresse.

Moi, c'est aux souris que je tire mon chapeau. Toutes les 9 semaines, je reçois une perfusion de concentré de souris. Non, je ne sais pas exactement quel morceau liquéfié de la bestiole est expédié dans mon organisme mais le bénéfice est spectaculaire. Non, ce n'est pas une cure de jouvence. Quoique. J'ai une maladie inflammatoire chronique détruisant peu à peu les articulations. Elle est due à un dérèglement du système immunitaire qui s'attaque à la membrane synoviale tapissant l'intérieur des articulations, au cartilage et enfin à l'os. Autrement dit mon propre organisme perd la boussole et s'attaque à lui-même. Il ne reconnait plus comme siennes ses propres cellules et cherche à les exterminer en produisant à tout berzingue des "facteurs de nécrose tumorale".

Après avoir essayé tous les traitements classiques existants sans aucun résultat, j'ai droit depuis quelques années à une biothérapie, le nec plus ultra, uniquement en cadre hospitalier, hautement coûteuse et diablement efficace : l'anti-TNF alpha, mon médicament qui vient des souris. Les biothérapies sont réalisées à partir de cultures de micro-organismes vivants (levures, bactéries, cellules…), ou de substances prélevées sur des organismes vivants (hormones, extraits d’organes ou tissus). D'après ce que j'ai appris, ces anticorps sont produits dans des bio-réacteurs à partir de cellules productrices de souris qui ont été clonées et isolées. Pas de sacrifice de souris donc et tant mieux. Comme quoi la recherche fondamentale a du bon car sans ces recherches pas de développement de ce genre de thérapie !

Cet anti-TNF alpha vient bloquer ou rééquilibrer l'action des substances nécrosantes bombardées par mon système immunitaire décérébré. Les souris sont mon arme défensive contre la maladie. Et on ne pourra plus dire que les chats ne sont pas des chamans !
Les résultats chez moi tiennent presque du miracle. La progression de la destruction articulaire est stoppée, les os n'ont pas été touchés, je ne souffre pratiquement plus, et tant mieux car c'est drôlement douloureux et épuisant. Je suis quasi en rémission, même si faute de recul, et parce qu'il est seulement suspensif, il n'est pas question d'interrompre le traitement. En outre, je n'ai aucun des (nombreux) effets secondaires. Et, alors que mes défenses immunitaires sont censées être au plus bas, je ne suis jamais malade.

Ce type de maladie, que l'on appelle auto-immune m'interroge. On dit que l'origine en est inconnue (jouent des facteurs hormonaux, environnementaux, génétiques...). Mais je me pose évidemment la question du pourquoi. Pourquoi mon organisme a-t-il un jour décidé de s'en prendre à lui-même ? Trouvait-il que je ne me détruisais pas assez vite ? Qu'est-ce qui a déclenché son réveil agressif ?

En tout cas, merci les souris. Sachez que je suis fière d'avoir un peu de souris en moi. La fable a raison : on a toujours besoin d'un plus petit que soi.

Billet from Outrelande

Pour info, ce site sur les biothérapies qui, au premier coup d'oeil me semble intéressant.

souris


mardi 11 décembre 2007

TU SERAS UN HOMME MON FILS

Quand un poéme illustre la question de la résilience. (voir vidéos sur boris Cyrulnick)


Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling

dimanche 9 décembre 2007

article du " Figaro" : autisme carences dans la prise en charge



Catherine Petitnicolas
07/12/2007 | Mise à jour : 18:37 |
Commentaires 20 .

Le Comité d’éthique dresse un réquisitoire contre la situation déplorable des 350000 à 600000 personnes atteintes de troubles autistiques en France.

«Ce ne sera pas un avis langue de bois mais c’est un avis volontairement engagé», a lancé le Pr Didier Sicard, le président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en rendant les conclusions du groupe de travail sur la situation déplorable en France des 350000 à 600000 personnes, enfants et adultes, atteintes de syndromes autistiques. Le Comité avait été saisi en juillet 2005 par plusieurs associations de familles qui s’élevaient avec force contre l’absence ou le défaut de prise en charge éducative des enfants et des adolescents. Très hétérogènes tant au niveau de leur cause que de leur évolution, ces troubles en augmentation croissante entraînent dans la moitié des cas un déficit profond de communication verbale, voire non verbale. La plupart des personnes atteintes ne peuvent vivre de manière autonome à l’âge adulte.

«Les conditions sociales proposées à ces personnes sont humiliantes tant et si bien qu’on est obligé de “délocaliser” la prise en charge de nombreux enfants en Belgique avec l’aval de la caisse nationale d’assurance-maladie», dénonce le Pr Sicard, dans cet avis. «Les enfants et les adultes sont aujourd’hui encore victimes d’une errance diagnostique conduisant à un diagnostic souvent tardif, soulignent les rapporteurs. Elles éprouvent de grandes difficultés d’accès à un accompagnement éducatif précoce et adapté.»

Les Sages énumèrent le manque de place dans des structures d’accueil, l’impossibilité pour les familles de choisir les modalités de prise en charge de leurs enfants, la carence de soutien aux familles, mais aussi d’accompagnement, de soins et d’insertion sociale des personnes adultes ou âgées atteintes de ce handicap. Et ce en dépit d’une noria de rapports, de recommandations, de circulaires et de lois diverses et variées depuis plus de dix ans. Certes depuis la loi du 11 février 2005, leur inscription à l’école est devenue obligatoire. «Mais il s’agit souvent d’une scolarisation fictive, réduite à une simple inscription» critique le Comité. Il met aussi l’accent sur un indispensable effort de formation pour les enseignants et les auxiliaires de vie scolaire : «Sinon on condamne les patients, leurs familles et les professionnels à l’échec et à l’épuisement.»

Les familles confrontées à l’absence de choix

L’émergence dans les années 1970 d’une autre conception de l’autisme considéré comme un trouble envahissant du développement, et non plus comme des perturbations de la communication mère-enfant (théorie longtemps proposée par le courant psychanalytique en France mais qui a fait beaucoup de mal aux familles) a conduit à la mise en œuvre de méthodes radicalement nouvelles, notamment dans les pays d’Europe du Nord. Des méthodes qui passent par une prise en charge précoce éducative et psychologique des enfants dans le cadre d’une participation active des parents.

Mais étant donné la diversité des méthodes de prise en charge et les « certitudes souvent antagonistes de nombreuses équipes, le Comité estime que seule une médiation, par des personnes indépendantes est à même de proposer aux familles d’exercer un choix libre et informé. Tout en soulignant que pour l’heure, elles sont plutôt confrontées à une absence de choix avec des listes d’attente de deux à quatre années. «Plus globalement, en France on a tendance à proposer des solutions “caserne”, des solutions d’enfermement, résume le Pr Jean Claude Ameisen, rapporteur de cet avis. Pourtant ce qui est éthique et humain, ne coûte pas plus cher, comme l’a montré l’expérience de la Suède», où les grands centres pour autistes ont été fermés, et remplacés par de petites structures plus humaines.

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jeudi 6 décembre 2007

banco

& regarder dans le même sens que celui ou celle qui affronte ces moments!
clipped from www.radiofrance.fr
 blog it

mardi 4 décembre 2007

Un logo pour certifier les sites Internet consacrés à la santé

LE MONDE | 04.12.07 | 16h24 • Mis à jour le 04.12.07 | 16h24
Ce sera donc HON@CODE. Si ce logo apparaît en bas de la page d'accueil d'un site Web consacré à la santé, l'internaute est censé être sur un site de confiance.

Chargée par la loi d'établir une procédure de certification des sites Internet délivrant des informations médicales (Le Monde du 21 février), la Haute Autorité de santé (HAS) a choisi de confier cette mission à la fondation non gouvernementale suisse Health on the Net (HON), qui a déjà certifié plus de 5 500 sites dans 72 pays (dont 300 en France). "La HAS ne veut pas devenir le "labélisateur" d'une information officielle mais donner des outils qui améliorent l'esprit critique et le choix", fait valoir Etienne Caniard, membre de la HAS.



La présence du logo HON@CODE signifie que le site s'engage à respecter les huit principes de bonne conduite élaborés par la fondation. L'internaute doit pouvoir connaître la qualification des rédacteurs (médecin, journaliste, etc.), la source des informations publiées, l'origine du financement du site, identifier le webmestre et avoir accès à une adresse de contact. Le site doit également séparer sa politique publicitaire et sa politique éditoriale, toujours préciser que l'information fournie ne remplace pas la relation patient-médecin et justifier toute affirmation sur les bienfaits ou les inconvénients de produits ou traitements présentés.

PAS DE LISTE NOIRE

En revanche, il n'est pas question pour la HAS de dresser une liste noire des sites ni de garantir le contenu des pages Web, ce qui nécessiterait un contrôle quasi continu. "La fondation n'est pas là pour faire la police mais pour promouvoir les bons sites", justifie Calia Boyer, la directrice d'HON. Les motifs de refus de certification ne seront pas rendus publics. Enfin, les éditeurs n'ont pas l'obligation de demander le label HON. La démarche de certification demeurera volontaire.

En France, 30 % des internautes ont recours à l'"e-santé" et à peine plus de 40 % d'entre eux déclarent vérifier l'origine des informations obtenues. Selon une récente enquête de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le profil type de l'internaute "santé" est une femme d'âge moyen (50 % ont entre 29 et 53 ans), ayant un niveau d'étude élevé, une activité professionnelle, vivant en couple, et confrontée à un problème de santé (personnel ou dans son entourage proche).

Ces internautes sont souvent insatisfaits de leur relation avec les médecins parce que ces derniers "ne les écoutent pas assez" et donnent "insuffisamment d'explications" sur leur état de santé ou sur les traitements existants.
Sandrine Blanchard
Article paru dans l'édition du 05.12.07.

lundi 3 décembre 2007

CORDOBA-CANNES ENTRE DEUX HÉMISPHÉRES

Le 1 nov. 07 à 01:40, ana lobe a écrit :
Il est 21h27 et cordoba est sous la pluie. Les vieilles estancias jesuites pleurent des larmes de monoxide de carbone et les chevaux des cartonniers s'ébrouent sous les arbres de la place san martin. Je replonge dans nick cave et tom waits en souvenir du temps qui passe. Je survole les blogs divers et varies sur lequel on me prie souvent d'aller faire un tour. Pour le meilleur et pour le pire. Une bonne vieille saudade me prends de boire un thé avec toi en fumant une virginia slim et de littératurer en regardant s'égoutter les bambous. Besoin d'émotion intellectuelle. Assez de médiocrité bobo. Je deviens intransigeante avec le temps, despotique et orgueilleuse. Il est l'heure d'aller regarder la lune. Ici, le croissant est à l'envers, à l'horizontale, comme un berceau. Courage avec ta nouvelle vie, après tout, peut être que ce n'est pas toi qui aide l'autre, c'est peut être le contraire.

la fille sous la pluie qui fredonne tom waits



CANNES : jm before midnight 2/12
Ce que j'aime en toi & cette si précoce lucidité que les épreuves t'ont tissée.
Depuis longtemps, la vie m'a démontré combien les enfants immergés dans des moments "extrêmes" acquièrent un savoir proche de la médiumnité.
Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre combien ce job d'aide soignant était pour moi, une manière d'apprendre à mourir : c'est à dire à vivre. Car la confrontation à la souffrance & à la fin de vie te fait avant tout percevoir cette "chance" d'être vivant, avec suffisamment d'émotions pour définir des exigences sur les relations que tu choisis, des exigences sur ce que tu veux t'épargner.
En un mot, ce que chaque jour m'apprend & me fait goutter est de l'ordre de l'intensité.
Nous demeurons des mystères pour autrui & pour nous-même. Ce que nous donnons & ce que nous recevons demeurent imprécis, seule certitude : cette intensité.
Cette idée que "l'autre" dans sa souffrance t'aide, ne devient vrai que si tu as la disponibilité à recevoir, à accueillir "ce qui se passe" quand les masques se défont & que le langage gagne en sobriété dans la seule "économie du regard".
Tout cela n'est pas de l'ordre d'une grande découverte, certains pourraient dire que dans la relation "amoureuse" nous retrouvons cet état. Ce qui est précieux est de se rendre compte que cette dimension n'est pas si rare que cela. Que notre humanité dans les moments de dénuement nous permet de mesurer combien dans nos différences nous sommes aussi semblables. C'est à ces moments là que mes vieilles utopies de jeunesse, ces idées devenues insensées ne me semblent pas si désuètes!
baci
où que tu sois

mercredi 21 novembre 2007

alibi à taire

8 h35 21 nov
Ce qui devait arriver,
arriva
Comme lors de tout retard, je suis allé "faire banquette" au foyer.
C'est la règle. J'ai signé & ne la conteste pas. En plus je suis à dix minutes de l'hôpital.
Las, ce matin, j'ai présumé de mes capacités. J'étais encore tout content d'avoir repris la veille un jogging de 45', certes à mon rythme mais sans faiblir ni défaillir que j'ai cru avec les 50 grammes en moins pouvoir défier à nouveau le chrono.
Le hic était sans compter sur ce "muscle jumeau droit", irradié , après les 100 premiers métres, d'une douleur à me faire gambader comme un canard.
Et oui, vous avez bien diagnostiqué : c'est "la douleur du lendemain."
Ah, faire de la course à pieds tous les 15 ans, ne présage pas autre chose!
J'avais quand même la veille, échappé à la crampe : contraction musculaire, elle, intense, involontaire & prolongée.
J'étais d'ailleurs si content d'avoir été épargné que j'en ai conclu que mon organisme était bien hydraté, sans manque de sels minéraux (potassium, magnésium) & que je n'étais décidemment pas atteint de problèmes circulatoires, de maladies neurologiques, endocriniennes.
Le sommeil suspendit le check up
Au matin, voyant le ciel couvert & ce temps orageux, j'optais spontanément pour la marche à pieds, n'y étais je pas préparé?
La suite prouva que non.
Et surtout me démontra à nouveau combien le temps peut se faire menteur quand la douleur se fait morsure. J'avais beau me dire : c'est supportable, voire c'est préférable à une contracture, style le torticolis que s'offre ma voisine d'amphi qui garde la force de sourire.
La trotteuse trottait & j'avançais comme une limace.
J'eus le temps de faire le tour de ces atteintes musculaires qui pouvaient me guetter : l'élongation, quand le muscle est étiré au de là de la normale, sans qu'il n'y ait pas toutefois de rupture des fibres musculaires ou d'hématome. Ce qui n'est pas le cas du claquage. Quant à la déchirure, elle augure non seulement d'une douleur plus importante,
mais les fibres musculaires rompues mettent près de 3 semaines à se cicatriser.
Se profilait la rupture musculaire,alors que je franchissais la porte de l'amphi, paré de mon plus beau sourire mais le diagnostic de notre formatrice était lui sans appel.

Long est le chemin, mais la vie continue.

lundi 19 novembre 2007

19 nov 07 , être humain jusqu'à la fin

8 h 30, cours sur les soins palliatifs & le deuil.
Ce qu'il y a de singulier dans cette formation, est le débouché régulier sur des moments de vie.
Je dis moments de vie plutôt qu'expérience, par ce que se glisse toujours une dimension où le formateur (principalement des formatrices) va s'impliquer, c'est à dire livrer une part de son expérience qui pointera l'éclairage idoine.
Avec ce prisme, je suivais le cours, porté par des visions anciennes, des épisodes au parage de "ceux qui vont mourir". Et la voix off de la formatrice recadrait chaque phase, de l'annonce au déni, de l'abattement à cet étrange glissement dans des temps aux antipodes.
Plus le cours avançait plus mes viscéres se nouaient au point d'appuyer sur mon plexus.
Je cherchais le regard d'une voisine qui sait si bien lire en moi mais mon sourire dû ressembler à un rictus.
La voix off délivra alors son message, enfin ce que je crus comprendre : "Veiller à ce que chaque patient soit considéré comme un individu à part entière jusqu'à sa fin".

Ce qui me plaît dans cette formation tient plus qu'au métier à laquelle elle nous prépare, elle offre cette chance d'être confronté à nos responsabilités d'être humain & de citoyen & je ne connais pas d'autres secteurs d'activités qui ouvrent sur cette perspective.

http://www.cdrnfxb.org/content/category/16/41/78/
http://www.portail-soins-palliatifs.fr/

dimanche 18 novembre 2007

DON DU SANG-INFOS -voir le site

http://www.dondusang.com/

En bas de page, vous trouverez un tableau qui récapitule le nombre de dons que vous pouvez faire sur une période de 12 mois.

Conditions d'âge

A partir de 18 ans et jusque 60 ou 65 ans selon les types de don.

Un premier don de sang ne peut se faire après 60 ans. Mais si l'on est un donneur régulier, on peut donner son sang jusqu'à le veille de son 66ème anniversaire. Pourquoi s'arrêter à cet âge ? C'est une question de tuyauterie ! Les artères sont moins souples et ont plus de mal à s'adapter après la prise de sang.

Conditions de santé

Pour donner son sang, il faut être en bonne santé. Le médecin de collecte a pour mission de veiller à ce que le don soit fait en totale sécurité pour le donneur, et qu'il n'entraîne par la suite aucun risque infectieux ou immunologique pour le receveur.

LA SECURITE DU DONNEUR

Le médecin vérifie l'aptitude au don de sang, de plaquettes ou de plasma du candidat au Don : notamment la bonne santé du coeur et des vaisseaux, l'absence de troubles du rythme, d'insuffisance coronarienne, d'hypertension sévère, de pathologie cardiaque, d'anémie, d'asthme ou d'allergie en cas de don de plasma ou de plaquettes. Dans le cas d'un don de plaquettes, on pratique au préalable une numération de plaquettes.

Le médecin veillera à éliminer tout risque de malaise à distance, lié à un poids trop faible (un minimum de 50 kg est nécessaire), une hypotension, une épilepsie même ancienne...Il s'assurera également que les activités post-don du donneur sont compatibles avec le don : éviter les travaux en hauteur, les travaux dangereux, la conduite automobile prolongée, le sport intensif etc... dans les quelques heures qui suivent le don.

Certains médicaments pour la tension, pour la dépression...peuvent être responsables d'un état d'hypotension après le don et donc d'un risque de malaise sérieux.

Il conseillera une bonne réhydratation pendant 24 h pour éviter les petits coups de barre.

LA SECURITE DU RECEVEUR

Le rôle du médecin de collecte est de prévenir les complications transfusionnelles pour le malade qui reçoit du sang.

Il doit donc s'assurer de l'absence de maladies infectieuses ou de maladies ou traitements responsables de réactions allergiques ou immunologiques potentielles :

Exemples de délais avant de pouvoir donner son sang :

- Maladie infectieuse banale : 8 jours après l'arrêt de la maladie ou l'arrêt du traitement.

- Gastroentérite ou infection sérieuse : délais pouvant aller de 10 jours à 2 mois selon la gravité.

- Mononucléose, toxoplasmose ou autres infections sévères ou prolongées : 1 an.

Soins dentaires, détartrage, ablation dentaire : ils entraînent souvent un passage de microbes dans le sang et peuvent nécessiter un délai allant de 3 à 10 jours.

- Une intervention chirurgicale, des examens exploratoires de type fibroscopie, un tatouage... sont des situations à risque, notamment d'hépatite C. On attendra 4 mois avant de donner son sang.

Les relations sexuelles : il est généralement convenu d'attendre 4 mois après une première relation sexuelle avec un nouveau partenaire ou un partenaire occasionnel, sauf si le préservatif n'a jamais été oublié ou déchiré. C'est le délai nécessaire pour s'assurer de la sécurité du sang et de la fiabilité des résultats de tests, par rapport aux risques infectieux particuliers liés aux relations sexuelles. Seront exclus du don de sang toute personne ayant plus d'1 partenaire sexuel, les risques infectieux étant multipliés d'autant.

- Les médicaments : certains médicaments sont compatibles avec le don de sang, d'autres non. Il faut donc signaler toute prise de médicaments. Par exemple, le délai d'attente après arrêt de Roaccutane (Acné), de Chibroproscar (Prostate), de Propétia ( repousse des cheveux), peut atteindre 1 mois.

-L'aspirine ou les anti-inflammatoires nécéssitent un délai d'une semaine pour un don de plaquettes, car ils agissent sur la coagulation.

Quel que soit le médicament, le médecin de collecte est seul garant de son innocuité : il faut donc toujours le signaler.

- Les vaccins : les vaccins vivants (ex : hépatite) nécessite un délai de 3 semaines, les autres un délai de quelques jours.

- Les allergies : on évitera les périodes de crises, car les cellules porteuses des réactions d'allergie sont stimulées et peuvent entraîner des risques pour le receveur. Par contre, quelqu'un sous traitement, qui n'a pas fait de crises depuis un moment, ne pose à priori pas de problèmes.

- Les voyages en zone de paludisme : on attendra 4 mois après le retour d'un pays où il existe un risque de paludisme, avant de donner son sang, même si on a pris un traitement contre le paludisme pendant le voyage.

NOUVEAU : toute personne ayant mis le pied en Amérique du Sud, du Centre, y compris au Mexique, se verra ajourné au don de sang 4 mois après le retour. En cause la Maladie de Chagas, qui ressemble au palu et peut se réveiller 30 ans après. Un test de dépistage est disponible depuis mai 07 et sera pratiqué systématiquement pout tout voyageur dans ces pays.

Depuis les étés 2003/2004 : on demande 1 mois d'attente au retour du Canada, des USA et du Mexique avant de donner son sang, à cause d'une épidémie du Virus du Nil Occidental qui se transmet par les oiseaux et les moustiques et donne des espèces de grosses grippes dont 1% sont très méchantes. En plus, elles sont transmissibles par transfusion.

Certaines maladies sont incompatibles avec le Don de sang : certaines maladies "immunologiques" à auto-anticorps, comme la thyroïdite de Hashimoto. Le psoriasis sévère, les cancers, mêmes guéris. Les maladies avec troubles de la coagulation. Le paludisme, même s'il s'agit d'une seule crise il y a longtemps. Les infections à répétition....Une transfusion même très ancienne du sang de quelqu'un d'autre.

Il existe des comportements ou des situations à risque incompatibles avec le Don de sang : . Le séjour cumulé d'au moins 1 an en Angleterre entre 1980 et 1996. Une mauvaise compréhension de la langue parlée par le médecin de collecte. Le multipartenariat ou le vagabondage sexuel. La vie avec un partenaire à risque. La toxicomanie intraveineuse ou sniffée, même ancienne.

Dans tous les cas, si on se pose des questions, il vaut mieux venir en parler au médecin de collecte : lui seul pourra vous répondre si, oui ou non, vous pouvez donner votre sang.

Vous pouvez également téléphoner à l'Etablissement Français du Sang de votre région.( Voir chapitre : où donner ?)

DON DE SANG

Il convient de toujours laisser au moins 2 mois entre chaque don.

- un homme : 5 fois par an jusqu'à 60 ans, puis 3 fois par an jusqu'à 65 ans.

- une femme : 3 fois par an jusqu'à 65 ans.

Pas de premier don après 60 ans.

DON DE PLAQUETTES

5 dons par an jusqu'à 60 ans. Toujours laisser au moins 2 mois entre chaque don.

Des dons de plaquettes peuvent s'intercaler avec d'autres dons à condition de respecter les délais entre chaque don.

DON DE PLASMA

20 dons par an jusqu'à 65 ans. Laisser au moins 15 jours entre chaque don.

TABLEAU RECAPITULATIF DES POSSIBILITES DE DONS SUR 12 MOIS

vendredi 16 novembre 2007

NIMES -CANNES 15 H DIMANCHE

dans la rubrique covoiturage
en temps de grève & si cela peut aider :
laissez moi vos coordonnées

bactérie C

j'ai trouvé cette info sur le web :
le cas du c
est déjà plus qu'un blog!
une contamination : à lire absolument.

jeudi 15 novembre 2007

who's who :INVS

Institut de veille sanitaire : créé en juillet 1998, il succède au Réseau national de santé publique (RNSP), avec pour mission de surveiller en permanence l'état de santé de la population et son évolution. Il est chargé, en particulier, de détecter toute menace pour la santé publique et d'en alerter les pouvoirs publics, ainsi que de rassembler et d'analyser les connaissances sur les risques sanitaires.



lundi 12 novembre 2007

les dits de jm

Lundi 12 Nov 07
Pas facile de se lancer dans ce blog.
Au lendemain d’un stage qui a pointé mes limites & mes contradictions, ma confusion était telle que je ne savais plus comment penser un peu positivement.
10 jours plus tard, reste le sentiment d’avoir beaucoup appris dans cette accumulation de maladresses & cette bourde d’avoir émis une remarque « à haute voix » faisant fi du secret professionnel.
À ce jour je mesure combien je n’avais pas intégré ce statut « d’élève » : statut qui implique avant tout un certain nombre de devoirs dont celui de rester « à sa place ».
Les Soins Infirmiers à Domicile ont ce premier mérite de présenter ce rôle « global » de l’AS, d’attention & d’écoute non seulement du patient mais de son entourage.
Les familles qui font le choix d’accompagner leur proche, investissent en temps, en énergie en organisation méticuleuse pour garantir un cadre de soins efficaces où le SSIAD pourra apporter son savoir faire.
En côtoyant pendant plus de 3 semaines les AS durant leur tournée, j’ai au moins pris conscience d’une des singularités de ce métier : il ne se réduit pas à des gestes techniques !
Et surtout chaque rencontre avec un patient sera différente de la précédente.
Plus certainement qu’en institution par ce que l’on exerce son travail chez la personne, dans son univers, l’implication de nos responsabilités professionnelles s’impose.
Ma chance, ma première chance dans cette formation a été de me faire percevoir cette dimension. J’ai encore en mémoire les noms, les échanges, les remarques qui tissent l’étroite relation entre ces familles, ces femmes & ces hommes en souffrance & les AS qui ont fait du soin à domicile, leur action quotidienne.
A suivre

Alzheimer : des pistes pour améliorer la prise en charge



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L'ancien directeur général de la santé, le professeur Joël Ménard, a présenté à Nicolas Sarkozy, jeudi 8 novembre, les conclusions de la commission chargée de réfléchir à l'élaboration du plan Alzheimer 2008-2012. Ces propositions seront soumises à la consultation des professionnels, le public étant invité à donner son avis sur Internet (planalzheimer.gouv.fr). Le chef de l'Etat annoncera les grandes orientations du plan avant la fin de l'année, pour une mise en oeuvre au 1er janvier 2008.


Deux plans de lutte contre la maladie d'Alzheimer se sont succédé depuis 2001. Etait-il nécessaire d'en élaborer un troisième ?

Oui, ne serait-ce que pour mettre l'accent sur le besoin de recherche, sur lequel les précédents plans n'avaient pas particulièrement insisté. Par rapport au poids de la maladie d'Alzheimer dans notre pays, les investissements en termes de recherche sont relativement faibles. Nous proposons la création d'un réseau national d'excellence, coordonnant plusieurs disciplines, par le biais d'une fondation de coopération scientifique, susceptible de mettre en place des partenariats public-privé. C'est d'autant plus important que des pistes de recherche commencent à être prometteuses dans la maladie d'Alzheimer, et pourraient déboucher dans les trois à cinq ans.

Que préconisez-vous en matière de prise en charge des malades ?

Nous proposons d'abord qu'un dispositif d'annonce de la maladie soit élaboré comme cela a été fait pour le cancer. Il faut humaniser ce moment, qui doit concerner autant la personne malade que son proche. Ne pas hésiter à recourir à d'autres professionnels, comme les psychologues, et prendre son temps pour expliquer leschoses, notamment quand le malade peut encore dialoguer.

Par ailleurs, il faut rapprocher le médical du social. Nous proposons que le médecin traitant puisse travailler avec une tierce personne, comme un travailleur social, qui serait chargé de l'organisation de la prise en charge de la maladie. Il y a actuellement une quinzaine de professions qui gravitent autour d'un patient, ces interventions ont besoin d'être coordonnées. Dans ce cadre, nous suggérons de rémunérer les médecins non plus à l'acte, mais au forfait, dès lors qu'ils s'engageraient à prendre en charge une dizaine de patients.

Comment améliorer au quotidien le bien-être des 800 000 malades ?

Il faut favoriser au maximum le maintien à domicile, souhaité par la plupart des personnes malades et leurs proches. Il y a des techniques qui permettent d'éviter l'hospitalisation par un suivi régulier à domicile, notamment pour éviter les crises. Cela passe par une meilleure formation des personnels à ce qu'est un trouble comportemental.

Pour la toilette, par exemple, il est recommandé de ne pas laver le visage en premier, de toucher d'abord les mains, de s'approcher progressivement de la personne... Ces métiers méritent une valorisation humaine mais aussi financière, c'est la condition d'une véritable amélioration de la prise en charge.

Et quand les personnes sont trop dépendantes pour rester à domicile ?

Cela pose le problème de l'aménagement des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Il y a environ 20 % des malades qui sont extrêmement difficiles, car ils sont agités, déambulent, ont des comportements gênants pour les autres. Là encore, c'est en renforçant la formation des personnels et en créant des petites unités de 12 patients que les malades seront mieux pris en charge.

Les patients sont vulnérables, souvent incapables de faire valoir leurs droits. Comment respecter leur subjectivité ?

Bien prendre en charge un patient Alzheimer passe par une réflexion éthique constante. Faut-il faire un diagnostic précoce ou non ? Qu'est-ce qu'on dit au malade, ce qu'on ne dit pas, comment on le dit ? Si la personne a fait une déclaration anticipée sur son devenir, qu'est-ce qu'on en fait, qui décide, qui ne décide pas ?

Notre commission n'était pas là pour trancher ces débats, mais pour les poser. Nous étions ainsi partagés sur l'utilisation du bracelet électronique de type GPS. C'est pourquoi nous proposons la création d'un centre d'éthique, spécifique à cette maladie, qui aiderait les professionnels à répondre aux grandes questions qu'ils se posent.

Propos recueillis par Cécile Prieur
in le monde

jeudi 4 octobre 2007

Au commencement...

Elle s'appelait Douchka, elle avait une chevelure épaisse et brune, plutôt emmêlée et sèche, mais je l'aimais telle qu'elle était. Je la serrais contre moi en prenant soin de poser son visage dans mon cou pour les câlins que nous nous offrions. Je ne la couchais pas n'importe où, évitant les ornières lors des promenades dans la poussette que j'avais reçue à Noël. J'avais trois ou quatre ans, elle était ma fille, j'étais sa maman, les gestes me venaient naturellement, sans les avoir pu observer.
Le temps n'a fait qu'enfler cette fibre maternelle qui me soufflait comme seul projet de carrière que je créerais la vie. J'ai demandé ma dernière poupée à treize ans. Elle avait la taille d'un nouveau-né et j'ai reçu le trousseau qui allait avec mon bébé. Les saisons se sont succédé et m'ont laissé cette incapacité à laisser mes "petites" dormir dans le froid du grenier sans couverture, dans la chaleur avec un gros manteau.
Errant seule en traînant les pieds pour aller au lycée, je suis passée devant une maison où l'on attendait une naissance. J'ai vu s'entasser les emballages du berceau, du couffin, de la poussette... et j'ai pleuré, tant ces objets réveillaient des sentiments pas même endormis. Je vivais la certitude de vouloir une grande famille.
Mon choix d'étude a été dicté par ce désir charnel. En devenant orthophoniste, j'apprendrais à affiner mes évidences.
Et puis le sort m'a jetée en pâture. J'ai donné la mort en sacrifiant une vie. Ma première preuve d'amour maternel a été de priver d'avenir ce petit à qui je n'aurais pu offrir ce qui me semblait essentiel. J'ai vu son coeur battre plus vite que le mien. J'ai vu cette promesse d'éternité qui bruissait sous mes mains. J'ai mesuré la peur, l'ampleur de ce qui n'était que présupposé.

Mon choix d'amour a été dicté par cette attente archaïque. J'ai contourné des passions qui n'auraient pu devenir père.
J'ai failli mourir de manque d'amour, indigne d'être l'âme d'un autre, indigne d'être mère, indigne d'être moi.
Quand la foudre s'est abattue sur moi, j'ai su qu'Il serait le père de mes enfants. Il n'en voulait pas. Je n'en voulais plus... Et ce qui s'écrivait en collier de peurs a frissonné comme une évidence... Eloi est né, le 15 octobre d'il y a dix ans. Me voyant mettre au monde, sans un bruit, au plus profond de moi-même, la sage-femme m'a murmuré "vous êtes faite pour ça"... Je l'avais toujours su mais j'ignorais combien cette certitude s'étendrait par elle-même. Avec cette première maternité, je suis devenue femme, j'ai apprivoisé mon corps, je l'ai montré même. J'ai donné mon lait, j'ai donné mon temps. J'ai reçu bien plus.
Je le cherchais pourtant, ce petit deuxième qui est arrivé, comme son aîné, juste au moment de notre désir. Fantin est né, tout en douceur... La fusion s'est faite plus intense. Mes fibres étaient encore plus douces, encore plus libres...
Je cherchais encore, autour de moi, le corps de celui ou celle qui manquait à notre ronde. Ondine nous a rejoints, comme ses frères, quand nous l'avons appelée.
J'ai voulu croire que ma raison serait plus forte, que notre confort dicterait la fin du chapitre. Mais mon instinct est devenu amertume. Et puis larmes, à la seule visite d'une amie qui venait de mettre au monde son cinquième petit. J'ai su que je garderais, à jamais, ce regret de ne pas avoir un autre enfant... Le désir s'est balancé avec des arguments matériels. Cela me faisait horreur, mais il nous fallait faire attention à ne pas compromettre le fragile équilibre... Et puis, notre quatrième a commencé sa route, fragile et vite essoufflé, il nous a abandonnés sur le bord de sa vie, s'endormant sans que personne ne puisse attraper le dernier battement de son coeur. Mon chagrin chantait le refrain du jamais plus... quand Adélie s'est invitée entre nous, à peine un mois après la blessure de mon corps...
Je n'aurais pu me consoler de ne pas avoir vu mon corps accueillir cette métamorphose, de ne pas les avoir rencontrés, de ne pouvoir trouver en eux une partie de lui, un soupçon de moi, de me dire que mon passage ici ne puisse laisser que des mots...