jeudi 6 mars 2008

sexualité : enquête

Société
Armelle Andro, chercheuse associée à l'INED, a participé à l'enquête sur la sexualité en France qui paraît le 13 mars, en se penchant sur la question des représentations de la sexualité.
Recuelli par Cordélia Bonal
LIBERATION.FR : jeudi 6 mars 2008
Alors qu'en matière de sexualité les différences entre hommes et femmes ont tendance à s'estomper dans les pratiques, l'enquête montre qu'elles persistent dans les représentations...
Oui, et parfois même elles se renforcent par rapport aux années 70. Chez les femmes, la sexualité relève toujours de l'affectif, du conjugal, de la construction de la relation, tandis que chez les hommes, la sexualité est toujours pensée comme étant de l'ordre des besoins physiologiques. Cette idée sur les hommes est non seulement partagée par les deux sexes, mais les femmes y croient même plus que les hommes.
Cela se retrouve dans la manière dont les enquêtés ont répondu par exemple aux questions sur le nombre de partenaires, toujours beaucoup plus élevé chez les hommes (11 en moyenne) que chez les femmes (4), même si la différence tend à se réduire. Mais quand les premiers comptent tous leurs partenaires, disent «j'en ai eu tant», les secondes ont tendance a ne retenir que «ceux qui ont compté». Elles oublient, volontairement ou non, leurs histoire peu brillantes ou qui n'ont duré qu'un soir.
Ces différences de représentation dépendent-elles du niveau social?
D'une manière générale, plus on est diplômé, et moins la vision de la sexualité est différencialiste [femmes plus affectives et hommes plus "physiologiques", NDLR]. Mais cela dépend aussi de l'expérience sexuelle de chacun. Par exemple, plus une femme est expérimentée, moins elle sera encline à dire que la sexualité chez l'homme relève avant tout du besoin.

Qu'en est-il du rapport à la fidélité?
La norme de la monogamie reste très largement prépondérante. Mais il y a des différences entre les générations. Chez les jeunes, c'est un peu «tant qu'on est ensemble il faut être fidèle, mais on peut avoir d'autres vies après». Ils sont moins idéalistes, plus pragmatiques. Ils se donnent le droit dès le début de passer à autre chose, alors que leurs aînés étaient plus dans une conception de la fidélité pour la vie, même si dans la réalité cela ne se passe pas toujours comme ça...

Vous montrez dans l'enquête qu'on est passé de la libération sexuelle à une «injonction» sexuelle...
Il y a l'idée qu'une sexualité épanouie fait partie d'une vie réussie, presque de la «bonne santé». Cela peut être pesant pour les gens qui ont peu d'opportunités sur le «marché sexuel», à certaines périodes de leur vie. Et comme on pense que les hommes ont plus de besoins, c'est naturellement d'autant plus pesant pour eux. Ils ont plus «la pression». Les femmes, elles, peuvent dire « en ce moment, pour telle ou telle raison, la sexualité n'est pas la priorité pour moi», c'est considéré comme légitime.

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