vendredi 18 janvier 2008

JEAN BAPTISTE



Jean Baptiste s'est donné la mort. Je ne le connaissais pas suffisamment pour parler de lui. Nous nous croisions dans l'espace de cette formation d'aides soignants échangeant des regards dans une économie de mots. Il devait avoir la moitié de mon âge, un visage à la "Nicolas Cage" & une chevelure de guerrier indien. Son corps emmagasinnait un potentiel d'émotions qui lorsqu'il trouvait l'interstice où se faufiler, libérait ses bienfaits.
Mes épaules mémorisent l'empreinte de ses mains dans les séances de travaux pratiques & leur savoir. Ses mains avaient cisellé la pierre avant de s'initier à prendre soin des corps. Elles étaient puissantes et timides.
Cet homme était un être délicat.
Je repasse un diaporama de la première animation dans la maison de retraite de Mougins, il avait apporté des pâtisseries "tunisiennes"pour agrémenter la cérémonie du thé. C'était un être généreux.
Passer à côté de quelqu'un de bien. Cette phrase m'accompagne depuis vendredi soir.
Cette simple phrase qui ne dit pas l'illusion de chercher à faire des miracles ni la propension névrotique à résoudre les problémes d'autrui mais qui pointe une défaillance, un manque de curiosité et plus tristement une faute : de gout.

1 commentaire:

  1. voici livrés tous les entrelacs de sentiments qui martèlent ceux qui restent... parce qu'il y a tous les mots qu'on n'a pas dit, pensant qu'on aurait le temps de les lancer au hasard, un jour, toutes les croyances qu'on a batties sur des suppositions, toute l'impuissance du jamais plus qu'on n'a pas vu venir...
    Le suicide reste à la mode... il a frappé aussi cette semaine, à deux pas de chez nous, laissant deux petits de l'âge de F et O, sans papa... et une jeune femme sans son autre...

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